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Domaine étranger Les Oubliés

septembre 2022 | Le Matricule des Anges n°236 | par Feya Dervitsiotis

Poète reconnu en Grèce et traducteur du français, Thanassis Hatzopoulos s’est essayé à la prose avec Les Oubliés – paru en 2014 en langue originale. Façon Vies minuscules de Pierre Michon, ce roman en diptyque évoque la vie et la mort de deux marginaux, l’une frappée de déficience mentale et l’autre d’épilepsie, dans le microcosme d’une petite ville agricole grecque. Décrivant au passage les fantasmes hébétés, les sensations exacerbées d’Annio puis d’Argyris, les deux nouvelles déroulent chronologiquement des événements qui se succèdent sur un rythme monocorde, mimant le cours tenace de l’existence : « le garçon grandissait dans ses propres absences. »
Thanassis Hatzopoulos est aussi psychanalyste et pédopsychiatre. Oubliant la crise économique qui terrassait alors le pays, l’auteur observe ses personnages comme s’il s’agissait de patients, au plus près, avec une attention profonde, atemporelle. S’il restitue le cadre familial de leur handicap, il sait aussi les prendre tels quels, sans plus chercher de causes. L’intelligence de ces récits se situe là : Annio et Argyris conservent leur opacité, ils ont pour eux ces silences que le narrateur ne peut pénétrer.
Ne trouvant pas leur place, ces êtres sont « dedans et dehors, ici et là, devant et derrière, au centre et en marge », à mi-chemin entre culture et nature. Des métaphores ne cessent de les ramener à la terre, faisant finalement apparaître comme « naturelles » leurs irrégularités. Les oubliés finissent leur vie en rendant inhabitables les maisons qui les ont vus grandir, comme si, vainqueurs, ils s’autorisaient enfin à déborder franchement. De tels personnages existent ailleurs en littérature, où ils sont justement inoubliables. De Macabéa de Clarice Lispector à Benjy de William Faulkner, ils permettent de fendre un décor connu, en même temps que de repousser les limites de l’écriture. Malgré ces modèles, l’ennui pointe parfois chez Les Oubliés. Peut-être parce que le plat réalisme du prosateur l’emporte sur les fulgurances du poète.

Feya Dervitsiotis

Les Oubliés
Thanassis Hatzopoulos
Traduit du grec par René Bouchet
Quidam éditeur, 284 pages, 20

Le Matricule des Anges n°236 , septembre 2022.
LMDA PDF n°236
4,00