La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger Mourir debout

octobre 2022 | Le Matricule des Anges n°237 | par Thierry Cecille

Le Siège de Leningrad

Voici que de nouveau, en Europe, la guerre s’est installée : de nombreuses villes ukrainiennes sont lentement mais sûrement détruites par les bombardements russes et leurs habitants, quand ils survivent, en proie à la faim et de la terreur. Il est donc tentant – et désespérant – de penser à ces assiégés en lisant ces pages rescapées d’un autre long martyre, le siège de Leningrad. Le sous-titre accroît encore la tension d’une telle lecture en ces jours : c’est qu’il s’agit là du « journal d’un adolescent » puisque lorsqu’il en écrit la première page Iouri Riabinkine n’a que 15 ans. C’est le 22 juin 1941, jour du déclenchement de l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS par l’armée hitlérienne : « Quelle nouvelle ! Je ne pouvais pas imaginer une chose pareille. L’Allemagne ! L’Allemagne est en guerre contre nous ! » Une préface nous rappelle le choc que fut en effet cet événement (Staline lui-même demeura abattu et silencieux durant de longs jours) puis la rapidité de l’avancée allemande et les conditions terribles de ce siège qui dura 872 jours – l’historien Alexander Werth, qui en fut témoin, en fit le récit dans son effroyable Leningrad, 1943. Cette centaine de pages est donc le récit d’une chute inéluctable, d’une continuelle progression vers l’affaiblissement physique et moral, le désespoir qui gagne, la mort qui accumule ses victimes. Les notes de Iouri sont souvent lapidaires, crues : « La famine arrive. Lentement mais sûrement ». La faim devient en effet le tourment le plus quotidien et le plus féroce : « Si je mange (…) je serai de nouveau un être humain, et non plus seulement son simulacre ». Mais il avoue qu’il lui arrive de voler la nourriture qu’il devrait partager avec sa mère et sa sœur : ce « relâchement moral » est alors pour lui une nouvelle torture. Il envisage le pire : « Chaque jour vécu ici me rapproche du suicide ». Ses derniers mots sont datés du 6 janvier 1942 : « Oh, mon Dieu, qu’est-ce qui m’arrive ? Et maintenant je, je, je… » Il meurt sans doute dans les semaines qui suivent.

Thierry Cecille

Le Siège de Leningrad
Iouri Riabinkine
Traduit du russe par Marina Bobrova
Éditions des Syrtes, 164 pages, 16

Mourir debout Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°237 , octobre 2022.
LMDA papier n°237
6,90 
LMDA PDF n°237
4,00