La rédaction Camille Cloarec
Articles
Ruines et gâchis
Les Mémoires de jeunesse de Vera Brittain (1893-1970) constituent une somme féministe et politique soigneusement documentée sur la Grande Guerre.
En dépit de son succès considérable à sa publication en 1933, Testament of Youth n’avait jamais été traduit en français jusque-là. Cet ouvrage volumineux que Virginia Woolf avait encensé et qui a été plusieurs fois porté à l’écran retrace, à partir du journal que la jeune Vera Brittain tenait ainsi que de sa correspondance, l’irruption de la guerre et ses conséquences catastrophiques en Europe. Un témoignage d’une précision méticuleuse, qui se détache immédiatement des autres puisqu’il a été écrit par une jeune femme féministe. Nous découvrons ainsi la Première Guerre mondiale à travers...
Les Indiens s’amusent
Thomas King nous revient avec un roman savoureux qui s’en prend au tourisme de masse tout en se confrontant avec justesse aux drames contemporains. Mimi Bull Shield, Pied-Noire du Canada, et Blackbird Mavrias, Cherokee, forment un couple d’autochtones vieillissant et attachant. Les voilà en vadrouille à Prague, le nez plongé dans leur guide touristique, hébergés dans un hôtel moite truffé...
Tainna, celles et ceux qu'on ne voit pas de Norma Dunning
Après un premier recueil de nouvelles remarqué, Annie Muktuk et autres histoires (2021), l’autrice inuite Norma Dunning creuse encore davantage ses thématiques de prédilection, intimement liées aux tourments identitaires, aux ravages du racisme et aux violences de genre. Les femmes qui illuminent ses récits sont puissantes et abîmées, elles portent à bout de bras des familles qui se...
Ce corps à pleurer
Quand tu étais jeune et combative, lorsque tu cultivais le maïs dans le champ familial et que tu vendais les épis pour pouvoir payer tes frais de scolarité, tu étais bien différente de celle que tu es devenue. » En effet, après À fleur de peau et The Book of Not (encore inédit en français), nous retrouvons une Tambudzai (dont le prénom signifie « souffrez » en shona) écrasée par les espoirs...
Illusions perdues
Réédition du premier roman de l’autrice suisse romande Catherine Colomb (1892-1965), un bijou féministe à l’humour corrosif.
C’est très bref, superficiel, sans mouvement, enfantin par endroits, ennuyeux à d’autres ; il y a seulement des détails qui ne sont pas mal. » Ainsi l’autrice décrit-elle sobrement son texte dans une lettre adressée à Ottoline Morrell, peintre britannique et grande amie de Virginia Woolf. Marie Reymond de son vrai nom est alors une mère de famille quadragénaire qui, après un doctorat, s’est...