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Poésie Une hache au milieu des mots

juin 2024 | Le Matricule des Anges n°254 | par Emmanuel Laugier

Trois publications, dont ses premiers carnets, font entendre, vingt-trois ans après la mort d’André du Bouchet, la puissance de sa voix, sa pugnacité patiente se logeant autant dans le méticuleux travail d’agencement de ses livres que dans sa diction, lente, assurée, incarnée.

Une lampe dans la lumière aride, carnets 1949-1955

Enclume de fraîcheur

Dans l’un des nombreux rendez-vous qu’Alain Veinstein offrit dans son émission Du jour au lendemain à André du Bouchet jusqu’à sa mort en 2001, à l’âge de 77 ans, celui-ci, interrogé sur sa pratique des carnets, précise : « Je notais non pour me souvenir mais pour me rendre compte de quelque chose, cela donnait lieu à un précipité de mots, l’histoire se transformant en accident verbal » (1995). Ces bribes, jetées durant ses marches lors de brèves haltes sur de petits carnets, en une écriture souvent marquée par la vitesse, ont toujours été la matière première d’un rapport tumultueux au monde. L’aridité, la rudesse, mais aussi le froid tenaillant les os, couloirs de pierriers et moraines des glaciers, éclats des orages et verticalité des parois forment les singulières bornes de ce paysage vrai, dont s’imprégnait Du Bouchet les traversant. C’est après son retour en France en 1948, ayant dû avec sa famille quitter le pays par le dernier paquebot en partance de Lisbonne pour les États-Unis (les lois du régime de Vichy interdisaient à sa mère, juive d’origine russe, d’exercer sa profession de médecin), qu’André du Bouchet renoue avec sa langue maternelle. Durant plus de dix ans il a en effet abandonné le français, étudié à Harvard. Son retour coïncide, non sans quelques angoisses nommées dans ses premiers carnets, avec un élan de réappropriation de sa propre parole. Ce mouvement, double, puisqu’il permit autant l’entame de son travail d’écriture qu’un arrachement au langage commun, sans aucun doute l’aura-t-il confronté à ce « précipité de mots ». Tout l’ordonnancement de ses livres tentera de porter ce vertige.
Ces années d’après-guerre sont donc celles de sa formation et de l’évolution majeure de sa poésie (dès 1952) ; celles des doutes, celles de la rencontre de Tina Jonas (sa première femme et mère de deux de ses enfants, Gilles et Paule) dont les premiers carnets témoignent pudiquement, celles d’une relation à une sorte de légèreté dans les rapports aux autres, que le bonheur, notamment conjugal, lui donne. Dans le carnet 3, daté du 22 avril 1953 (Une lampe dans la lumière aride, p. 137), que Le Bruit du temps vient de rééditer après un énorme travail sur son œuvre, il est noté : « C’est dans ma fille qui rit que les hommes deviennent mes frères riant aux éclats ». Cette laisse est immédiatement suivie de cette autre, reconnaissable à tout ce qui fera le moteur blanc de ses livres à venir : « transcripteur inlassable de ce qui se fait, se défait ». C’est dans ce carnet très bref que le mot « journal » disparaît à jamais, au moment même où il y évoque, deux jours avant la mort de son père, « mon orgueil/– ma plaie/mon père//une nuit blanche de douze ans ». Le « cahier noir » d’avril 1951, parmi les cinquante transcrits ici, de 1949 à 1955, révélant une sorte d’archéologie de la parole que l’édition de Michel Collot inaugura par la parution des Carnets 1952-1956 (1989), est une pierre lancée : « on ne voit pas plus loin que l’aiguille/ où...

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