La rédaction Guillaume Contré

Articles
Un voyage sans but
Dans ce récit accidenté, aussi fatal qu’arbitraire, un homme sans identité se délite peu à peu d’un endroit à l’autre.
Les personnages du Brésilien João Gilberto Noll (1946-2017) sont souvent égarés. Ils sortent de nulle part et mènent une vie d’errance tout en semblant suivre une direction qui s’invente petit à petit à force de rebondir contre des obstacles plus ou moins définis, au fil des rencontres hasardeuses et bancales. Cette errance est aussi celle du récit, qui n’en fait qu’à sa tête, comme guidé par une pulsion dont l’auteur est le seul peut-être à connaître les tenants et aboutissants.
Les situations, scabreuses ou étrangement oniriques, jamais tout à fait quotidiennes mais jamais non plus...
La Rivière draguée, d’Arno Calleja
L’écriture d’Arno Calleja, même quand elle se fait narrative, est avant tout celle d’un poète. C’est une écriture paradoxalement dense et limpide dans sa simplicité, faite de courts paragraphes chargés d’images comme est chargée d’objets, de détritus, de branches cassées, de bouteilles vides, la rivière qui est le personnage principal de ce récit condensé, qui fut écrit lors d’une résidence...
Les Oscillants, de Claudio Morandini
Dans un village perdu au fond « d’un repli profond et sauvage », une jeune ethnomusicologue vient étudier les étranges chants de bergers qu’elle croyait entendre dans son enfance, lorsqu’elle y accompagnait ses parents en vacances. Ces chants, qu’elle percevait à l’aube, n’étaient peut-être que le fruit de l’imagination enfiévrée d’une fillette qui s’ennuyait dans un village n’ayant guère de...
Tout un cinéma
Dans un roman bref et enlevé, Élodie Issartel fait un portrait touchant d’une jeune femme pleine de vitalité qui tente de se frayer un chemin à Paris.
Être provinciale, monter à Paris, y réussir ou pas, se sentir un peu perdue, s’obstiner, être à la fois tête de mule et à côté de la plaque, bouillir en dedans, fuir de partout, vouloir ruer dans les brancards sans y parvenir ou sans oser vraiment, faire défiler les passions et les emportements dans sa tête tout en trébuchant sur les trottoirs du réel : Lucie, l’héroïne au « naturel...
L’écriture comme quête de l’esprit
La traduction française du Roman lumineux, chef-d’œuvre de l’Uruguayen Mario Levrero, est un événement qui permettra de mieux saisir une œuvre hors norme dont la puissance n’a pas fini de résonner.
Pour celui qui n’aurait pas lu, en guise d’introduction à l’écriture autobiographique très particulière de Mario Levrero, Le Discours vide, déjà traduit par Robert Amutio et publié il y a deux ans chez le même éditeur, ce livre a de quoi déconcerter : s’agit-il d’un journal, d’un roman expérimental, d’un assemblage de confessions ésotériques, voire d’un testament ? Le lecteur impatient se...