La rédaction Philippe Savary
Articles
Un livre
Bon qu’à ça
de
André Blanchard
Pour solde de tout compte
Le Dilettante réédite les anciens carnets d’André Blanchard (1951-2014), diariste tourmenté et attachant. Témoins d’une vie par procuration, ils sont un hymne à l’écriture et à la littérature, satire comprise.
Quand André Blanchard ouvre un cahier neuf pour noircir ses carnets, sa rumination quotidienne, cela donne ça : « il en va comme d’une pierre tombale en attente : j’inscris la date d’inauguration, et celle de clôture en pointillé (…). Parfois, je me fends même de l’épigraphe : “Ci-gît Blanchard/ Écrivain d’après certains racontars / Qui ne fit rien / Mais le fit bien” ». Noir et sarcastique, le spleen en bandoulière : ainsi va Blanchard, le réfractaire de Vesoul, le déserteur magnifique, ce lecteur impénitent qui s’acquitta de son office comme un sacerdoce, pendant trois décennies. Ses...
Le petit maître de Sôseki
Sauterelles, hurlements et mesquinerie : pas facile la vie dans un collège. Botchan est un joli conte plein de malice du Japonais Natsumé Sôseki.
Voici un livre bien précieux pour tous ceux qui se prédisposent à endosser une noble carrière dans l’Education nationale ou qui s’interrogent sur les raisons du fort taux de suicide au sein du corps enseignant. Ce texte de Sôseki, écrit en 1906, et qui raconte le noviciat d’un jeune professeur de collège, est à la fois drôle, léger, satirique et malicieusement contemporain. On peine à penser...
Le faucon et le mouton
Un moine au coeur pur accusé d’hérésie, une Europe terrifiante. Chet Raymo continue de traquer la solitude et l’exaltation de la beauté.
Précision utile : ceux qui ont salué avec jubilation la sortie l’an dernier du Nain astronome, troublant roman d’amour sur fond de ciel étoilé conté par un avorton d’à peine 120 centimètres, trouveront sûrement dans cette deuxième livraison de Chet Raymo (en fait son premier texte, publié aux Etats-Unis en 1990) la même gourmandise de lecture. Nourries de références identiques...
Le veilleur masqué
En 1804 paraissaient en Allemagne Les Veilles, d’un anonyme, Bonaventura. Une chasse aux monstres, érudite et fantasque, pour insomniaques.
Je n’ai pas rechigné à multiplier les masques, car plus il y a de masques entassés l’un sur l’autre, plus on rit à les retirer à la suite, jusqu’à l’avant-dernier, le satirique, l’hippocratique, et enfin jusqu’au dernier, rigidifié, qui ne rit ni ne pleure plus -le crâne sans mèche ni touffe- celui que porte l’acteur tragi-comique quand il quitte la scène. »
Celui qui parle ou plutôt qui a...
Un éditeur
José Corti : la marche hors du temps
En 1938, José Corti publiait Gracq, Bachelard, Lautréamont. Aujourd’hui, dix ans précisément après la disparition de son fondateur, l’éditeur-libraire de la rue Médicis a préservé sa singularité : cohérence, fidélité, le tout hors actualité.
Chez moi, entrée libre. On pousse la porte et l’on est au cœur de la place, pas d’antichambre, pas de bloc où inscrire l’objet de la visite ; pas de portes capitonnées protégeant les conférences qu’il ne saurait être question d’interrompre ! Et puis, une boutique, cela n’impose guère. On entre, le manuscrit en bandoulière. » Cet extrait des Souvenirs désordonnés de José Corti parus en 1983...