RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Du voyage en train
Plein de mystères encore, Bernard Waller était le plus discret des romanciers. Dubalu, son représentant de commerce, révèle avec humour et subtilité un univers de personnages désarçonnés et touchants.
Il faut souvent plus qu’un miracle pour que les créatrices et créateurs qui ont choisi la discrétion contre les feux de la rampe sortent de l’ombre. Le romancier Bernard Waller en est la démonstration achevée. Au point qu’on ignorerait presque sa date de naissance. Selon les sources observées, il serait né en 1933, en 1934 et en 1937, et apparemment ce serait plutôt en 1935. Et puis la camarde s’est chargée de mettre tout le monde d’accord. Il est bel et bien mort en 2010 (le 13 juin à Paris ?). Naturlich, aucune nécrologie publiée dans Le Monde ou Le Figaro. On n’y a droit que lorsqu’on...
Il a inventé la Française légère
Homme des polices et des lettres, George Auriol est le typographe le plus remarquable de la Belle-Epoque. Il fut aussi chansonnier, poète et conteur.
Depuis qu’en 1890 Eugène Grasset a dessiné certaine semeuse soufflant une fleur de pissenlit, les Français savent que la Librairie Larousse diffuse le savoir à tous vents. Ils savent un peu moins qui est l’auteur de cette sylphide au frais minois et à la notoriété sans pareille. Un autre personnage qui fut sinon le disciple de Grasset, du moins son successeur et son ami, George Auriol, aura...
Des zines aux bandes
Autodidacte et fantasque, Jean Linard a dispersé une œuvre protéiforme dans des fanzines fantômes.
Jean Linard était un modeste gratte-papier de la Sécurité sociale de Vesoul, mais sous la défroque du gris rond-de-cuir bouillait un personnage exorbitant qui a plus écrit et publié qu’on ne pourra sans doute jamais s’en rendre compte.
Né à Paris (IXe) le 31 octobre 1926, Jean Linard n’était pas du même métal que le commun des mortels. Autodidacte de la belle espèce, celle des hommes...
Un auteur
Retour de Lack
Léo Lack personnifie la condition des traducteurs dont la plupart restent d’anonymes faire-valoir. En nous permettant de lire Fred Uhlman ou Pearl Buck, cette femme discrète aura tout de même construit une œuvre.
Il était temps que cette rubrique adresse à une traductrice un salut, lequel se double d’un hommage. C’est une réparation nécessaire et juste. Nécessaire parce que les traducteurs dont la Société réside comme par hasard rue des Martyrs à Paris, sont trop souvent la cinquième roue du carrosse. Juste parce qu’ils sont confrontés, malgré les connaissances et le talent que leur art réclame, à des...
Un auteur
Dictée du bouffon
De modeste « extrace », Bernard Bluet d’Arbères aura tenu successivement les rôles de berger, de bouffon et d’illuminé. Il n’en a pas moins laissé des textes étonnants.
On doit à Théodore Agrippa d’Aubigné, le poète aux pistolets, de n’avoir pas tout à fait perdu le fil de Bernard Bluet d’Arbères. Dans la Confession de Sancy, d’Aubigné souligna le « style bien fleuri du comte de Permission ». Bernard Bluet s’était en effet attribué le titre de Comte de Permission, une « permission » qu’il faut interpréter comme la liberté du bouffon de déroger à l’étiquette...