RUBRIQUE Quartier libre
Les articles
Chorégraphie de ma voisine
Pourquoi continuer à écrire cette chronique ? Au fond de moi, vous l’aurez deviné : la sensation que tout cela est peine perdue, il n’y a rien à attendre, ou plutôt il n’y a qu’à attendre, sachant que ce qui arrivera, ce qui adviendra par la littérature se joue ailleurs, cela n’a rien à voir avec ce que nous attendons dans nos vies, pour nos vies, et pourtant si, cela a à voir. Comment dire ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi encore écrire des livres, pourquoi en lire et en parler ?
Pendant un temps nous avions une voisine étrange dans notre immeuble. Elle ne parlait jamais à...
Histoire d’un oubli récent
Cela vous est déjà arrivé, vous voulez parler d’un livre et c’est un blanc total. Vous avez tout oublié, c’est surprenant parce que vous avez vraiment aimé ce livre, il se passait quelque chose, pour une fois un livre vous touchait, mais là, rien. C’est une sorte d’effet Méduse à retardement, temps suspendu, bouche ouverte, tête creuse, absence de tête, tête sans visage, etc. Des livres sont...
La vie d’une mouche
On sait que les mouches ont un regard à facettes, qui leur donne une vision plus ouverte que la nôtre, multiperspectiviste. Mais saura-t-on jamais vraiment ce qu’elles voient ? Connaîtra-t-on jamais le point de vue des mouches ? Saura-t-on jamais penser ce qu’elles pensent, à partir de leur absence de pensée dont rien ne nous dit qu’elle ne soit pas une pensée ?
Dans ses Nouvelles de la...
Seulement tu coules
Je suis bien embarrassé, je ne vois pas quoi dire encore une fois du livre dont je voulais vous parler. Je m’étais pourtant promis d’arrêter de ne pas parler des livres dont je parlais, j’allais enfin dire oui à ce sur quoi j’écrivais et je me retrouve avec un livre qui dit non. Qui me demande de ne pas en rajouter. L’idéal pour son auteur aurait été d’écrire sans laisser aucune trace, nulle...
Un éditeur
Littérature as usual
On ne voyait pas un nuage le samedi 1er novembre 1755 à Lisbonne. Vers dix heures moins vingt le ciel était au beau fixe, une légère brise venait du nord-est, précise William Marx dans son Adieu à la littérature1. La matinée se présentait sous les meilleurs auspices, nous dit-il, chacun vaquait à ses occupations quand, tout à coup, un obscur grondement se fit sentir, première des trois...