Orphelin, le jeune Raposo est recueilli par sa tante Dona Patrocinio dont la richesse n’a d’égale que la bigoterie. Tyrannique vieille femme, entourée d’hommes d’église, Dona Patrocinio est confite en dévotions. L’hypocrite neveu comprend bien vite que son intérêt se trouve dans cette dévotion exacerbée qui, seule, pourra lui permettre, une fois « la vieille crevée », de profiter du magnifique héritage qui l’attend. Sa foi, le jeune homme l’affiche bien haut, lorsqu’il revient de ses rendez-vous galants avec quelques dames de petite vertu, racontant à sa tante « sèche comme un coup de trique », les génuflexions et la piété qui l’occupèrent toute la journée. Eça de Queiros s’amusa et nous amuse à se moquer ainsi des bigotes. Certes, le trait est caricatural, mais le style de l’écrivain est vif, très rythmé et la comédie prend comme une bonne mayonnaise. Parue après Le Mandarin qui amorçait un changement dans l’oeuvre du romancier, La Relique semble tourner le dos au naturalisme dont de Querios s’était fait le chantre. Même si, pour la deuxième partie de l’ouvrage, Eça de Queiros se sert des notes du voyage à Jérusalem, effectué en 1869. La traduction de ce roman publié en 1887 est expurgée de tout un passage onirique (une scorie selon bon nombre de critiques). Plus ramassé, le roman gagne en efficacité et en rythme ; sa lecture n’en est que plus agréable.
La Relique
Eça de Queiros
préface de Valéry Larbaud
Arléa
237 pages 110 FF
Domaine étranger De Queiros, iconoclaste
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°1
Un livre
De Queiros, iconoclaste
Le Matricule des Anges n°1
, novembre 1992.