Sur la Tour
de Gert Hofmann
Gert Hofmann est mort en 1993. Dans ce dernier roman, il stigmatise, après la barbarie nazie, la barbarie libérale. Dans Sur la Tour, le quart monde européen attire les touristes et leur monnaie forte par des sensations de la même eau. « Il m’est apparu (…) que l’odeur de charogne était (…) plus répugnante à cet endroit. » Dans ces conditions, la lecture, autant qu’un effort pour retenir ses haut-le-cœur, devient une expérience ethnologico-mystique. Chacun fait appel à ses souvenirs de touriste. On n’échappe à l’horreur vraie qui nous entoure que par un rempart de deutschmarks, de dollars, ou de francs. Mais l’humanité en fait les frais, tour à tour par l’appétit vénal des démunis et par l’insouciante lâcheté des nantis. C’est l’acharnement, tout au long du texte. Hofmann s’approprie la rupture Nord-Sud, au cœur même de l’Europe. Sur la Tour fait se croiser deux mondes qui ne se rencontrent pas. On préfère payer. On s’étonne simplement, en rentrant chez soi, de les voir vivre dans de telles conditions. « Pour eux, (…) il n’y a plus d’espoir. Il ne s’agit plus de savoir si ça va descendre encore, mais jusqu’où. »
F.C.
Actes Sud
traduit de l’allemand
par Bernard Kreiss
222 pages, 125 FF
Domaine étranger Sur la Tour
avril 1994 | Le Matricule des Anges n°8
| par
Fabrice Chaplin
Un livre
Sur la Tour
Par
Fabrice Chaplin
Le Matricule des Anges n°8
, avril 1994.