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Théâtre Bond s’en va-t-en guerre

octobre 1994 | Le Matricule des Anges n°9 | par Laurence Cazaux

Les Editions de L’Arche poursuivent leur publication des textes d’Edward Bond, révolté permanent qui nous tend le miroir sombre de notre société.

Bingo

Pièces de guerre 1-2

Pièces de guerre 3

Huit pièces d’Edward Bond sont maintenant au répertoire de l’Arche. Quatre ont paru cet été, les trois Pièces de guerre et Bingo, toutes jouées au festival d’Avignon (notons qu’en décembre paraîtront, toujours chez l’Arche, les commentaires sur les Pièces de guerre). Edward Bond est l’un des auteurs anglais contemporains les plus joués en France. Et, c’est tant mieux. Idéologue, Edward Bond veut redonner du sens à un monde qui n’en a pas beaucoup et combattre « la bouillie idéologique ambiante ». Ses pièces sont de vrais réquisitoires. A soixante ans, Bond s’insurge toujours avec autant de virulence…
Prenons l’exemple des Pièces de guerre. L’action se passe dans un univers de cauchemar au lendemain d’une explosion nucléaire. La première pièce met en scène la famille Monstre. Le fils est vendu à « l’Acheteur » pour apprendre à penser et se comporter comme il faut. A l’armée, il a pour ordre d’abattre un civil dans son quartier afin d’enrayer la famine. Comme il n’arrive pas à tuer le voisin, il va finir par tuer son père. Cette séquence revient, encore plus terrible car elle est développée longuement dans la troisième pièce. Cette fois-ci, le fils préférera tuer le bébé de sa mère plutôt que celui de la voisine. Pour Bond, cela provient d’un véritable paradoxe. A savoir que « nous naissons radicalement innocents mais tandis que nous grandissons, l’innocence se protège en se corrompant… La société qui nous crée nous déforme. C’est pourquoi nous devons bien souvent pour être de bons citoyens, vivre une vie de violence et d’indifférence colossale » (Extraits des Commentaires sur les Pièces de guerre).
Bond emploie une langue lyrique. On pense à Shakespeare, aux tragédies grecques… « S’il y avait des dieux, ils viendraient ici pour apprendre ! » fait-il dire au premier homme.
Des chorus ponctuent la deuxième pièce : « … on a demandé aux gens de s’exercer à la vertu alors qu’ils travaillaient pour des voleurs/ D’être des philosophes alors qu’ils vivaient dans le bruit d’immeubles où personne ne pouvait penser/ D’apprendre l’art de vivre en paix quand chacun doit combattre son voisin pour travailler…Demandez-vous pourquoi ces gens-là ne sont pas devenus fous avant que les bombes ne soient lancées. »
Mais, Bond n’est pas foncièrement pessimiste. Dans la troisième pièce, les survivants tentent de reconstruire une nouvelle société, fondée sur le savoir. Déja le Monstre avait énoncé cette vérité avant de mourir : « la démocratie n’est pas le droit de vote mais la liberté de savoir et la connaissance basée sur le savoir ».
Dans Bingo, scènes d’argent et de mort, Bond invente les derniers moments de Shakespeare. Ce dernier pour préserver ses rentes se range du côté des propriétaires fonciers contre les paysans et finit par se suicider. L’auteur dans la préface annonce : « la pièce traite pour une part du rapport entre tout écrivain et la société où il vit ». Le pouvoir de l’argent qui « n’est plus utilisé pour écarter la misère mais pour créer et satisfaire des besoins artificiels » est aussi largement dénoncé.
On devrait lire Bond pour l’hygiène de l’esprit. Et le relire souvent car ses pièces sont denses, dérangeantes et qu’elles sont un miroir lucide de notre société.

Bingo
traduit par Jérôme Hankins
90 pages 69 FF
Pièces de guerre 1-2
Pièces de guerre 3

traduit par Michel Vittoz
98 et 152 pages, 75 FF chacun
Edward Bond
Editions de l’Arche

Bond s’en va-t-en guerre Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°9 , octobre 1994.
LMDA papier n°9
6,50