Avec La Mort d’Auguste, Romain Weingarten a pratiqué « une écriture de longue haleine ». Ainsi, après une première publication en 1986 chez Flammarion, l’écrivain a rédigé quatre à cinq versions de ce texte avec à la clef cette seconde édition chez Actes Sud-Papiers. Selon lui : « l’histoire reste la même mais l’écriture a beaucoup changé. Le texte est devenu plus sec, plus méchant ».
La pièce met en scène un trio. Auguste Chipette dit Yaourt « l’homme le plus bête du monde », Loyal d’Arsonval della Pizza, un directeur de cirque qui veut rendre Yaourt intelligent. Ce dernier tombe alors amoureux de la femme de Loyal, Zita. Les relations entre les trois protagonistes vont considérablement se détériorer. Les personnages se poursuivent en tournant en rond, se tuent plusieurs fois sans jamais mourir « pour de vrai » et finissent par essayer de partager cet amour.
L’univers de Romain Weingarten est surréaliste. (Sa première pièce, Akara, saluée par Ionesco, il l’interprète en compagnie de Roland Dubillard, belle équipe !). La Mort d’Auguste est très rythmée. A la lecture, on sent déjà le plaisir de jeu offert aux acteurs. Il est ponctué de gags clownesques, baffes, coups de marteaux géants, chutes, acrobaties… Les personnages sont complètement décalés par rapport à la réalité. Proches du monde de l’enfance, ils sont capables de tout pour des tartines de confiture. Ils inventent « le shmirr à trois pointes, contre tous les salopards qui nous empêchent de vivre ». Ils plantent des pièges en forme de chous géants qui se révèlent être des cabines téléphoniques. On pense aux rêves de Lewis Carroll. Mais dans le même temps, le texte regorge de répliques outrancièrement théâtrales (« aurais-je réchauffé dans mon sein une vipère ? ») et de citations de Shakespeare, Dante…
La vie sous l’œil de Romain Weingarten ressemble à un grand spectacle quelquefois médiocre mais aussi magique et merveilleux.
La Mort d’Auguste
Romain Weingarten
Actes Sud-Papiers
63 pages, 60 FF
Théâtre Le clown, il mourira pas
juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Le clown, il mourira pas
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°12
, juin 1995.