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Domaine étranger Un destin se consume

septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13 | par Éric Dussert

Coups du sort de William Trevor trace, entre l’harmonie heureuse des hasards répétés et la violence aveugle, la généalogie d’une famille brisée.

Né à Cork en 1928 dans une famille protestante, William Trevor est venu tardivement à la littérature. Professeur en Irlande du Nord, il s’est ensuite consacré à la sculpture pour gagner sa vie, puis à la publicité dans une agence londonienne qui lui laissait le temps d’écrire. Nouvelliste fameux, il jouit aujourd’hui d’une aura considérable. Auteur de dramatiques pour la radio et la télévision, chroniqueur littéraire du New York Times, il s’est forgé un style ferme et limpide qui a fait le succès de ses recueils de nouvelles, Les Splendeurs de l’Alexandra et Secrets intimes (Alinéa, 1989 et 1992), ainsi que de ses romans Péchés de famille (La Manufacture, 1991), En lisant Tourgueniev et Ma maison en Ombrie (Phébus, 1993 et 1994).
Coups du sort, son nouveau roman traduit, montre un écrivain préoccupé des destins capricieux qui assurent un temps la paix pour mieux déchaîner les tempêtes du malheur. Dans les années vingt, la famille Quinton vit à Kilneagh, en pleine harmonie à l’écart des tumultes révolutionnaires qui troublent l’Irlande. Entre deux vieilles tantes, les jardiniers, ses sœurs et ses parents, William Quinton est un jeune garçon qu’ennuient les leçons de latin du prêtre Kilgarriff. Son père possède une minoterie, une industrie aussi prospère que tranquille, et sa mère, héritière anglaise de la famille Woodcombe veille sur sa maisonnée. Conformément à un règle familiale aussi surprenante que traditionnelle, elle est devenue une Quinton. Car les filles Woodcombe ont pour habitude d’épouser par amour leurs cousins irlandais depuis qu’il y a cent soixante ans Anna Woodcombe a quitté l’Angleterre pour l’Irlande. En toute logique, le jeune William devait-il lui aussi s’éprendre de Marianne, sa cousine anglaise.
Construit autour des monologues de William, Marianne et Imelda, leur fille, Coups du sort relate la destruction irrémédiable de cet ordre des choses. L’harmonie du cercle familial qui se répétait de génération en génération va être définitivement rompue. Pour venger la mort d’un mouchard qui travaillait à la minoterie, des « Black and tans », les troupes d’élite anglaises connues pour leur brutalité, vont massacrer les hommes et les enfants de Kilneagh et incendier la maison familiale. Un acte sauvage dont les conséquences anéantiront trois générations de la famille Quinton. La mère d’abord, incapable de faire face au désastre, qui sombre dans l’alcool et se suicide. William ensuite, déchiré et silencieux. Sans même essayer d’échapper à son destin, il traquera le sergent anglais responsable du massacre, se vengera et s’exilera pour ne revenir que bien plus tard, lorsque les jeux seront faits. La petite Imelda enfin qui ne supportera pas l’atmosphère de cette maison vouée aux fantômes où sa mère attend le retour hypothétique du père.
Récit de la guerre intime que se livre en leur for intérieur chacun des trois narrateurs, Coups du sort fait sans aménité le bilan des événements d’une nuit. Après le coup de Trafalgar, le désespoir lucide et froid des personnages prend racine et montre comme en négatif une vie familiale qui aurait dû être chargée de bonheur. Avec un style franc, William Trevor expose la vie lorsqu’elle tourne à l’aigre, quand, malgré les prévenances du passé, plus rien ne subsiste. On dit que l’Irlande est fertile en destins, elle offre dans ce roman sans ambages un visage au mauvais sort, ce seigneur des existences qui conçoit les drames des vies pas ordinaires.

Coups du sort
William Trevor

traduit de l’anglais
par Renée Kérisit
Marval
237 pages, 128 FF

Un destin se consume Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°13 , septembre 1995.