Pascal Dessaint est l’auteur d’un roman policier Une Pieuvre dans la tête et d’un recueil de nouvelles noires De quoi tenir dix Jours, tous deux parus aux éditions L’Incertain. La Vie n’est pas une punition raconte une parenthèse de folie dans la vie d’Emile, toulousain, la trentaine, paumé. Dans cette parenthèse tout est plus fort : l’amour, l’amitié et par conséquent les raisons de vivre. Il fallait qu’il rencontre Lyse, que son ami Alex, séropositif ait besoin de lui et que tous ensemble ils fuient en avant pour qu’Emile retrouve l’appétit de vivre : « La vie était belle et il n’était pas encore né celui qui parviendrait à m’en dégoûter tout à fait ». Dans une tradition qui va de La Trilogie noire de Léo Malet à Jean-Paul Dubois, mais dans une tonalité particulièrement légère, Pascal Dessaint chante le blues de ceux qui ne savent pas très bien où ils en sont ni où ils veulent aller. Mais La Vie n’est pas une punition n’est pas le portrait d’« une génération qui morfle » et ce n’est pas parce qu’on y écoute Mano Solo, qu’on y lit Pouy ou Behm qu’il faut croire que ce roman obéit à l’impératif d’être actuel.
L’écriture, pleine, particulièrement travaillée donne l’impression que l’auteur cherche à s’assurer à chaque instant qu’aucune ressource de la langue n’est sous-exploitée. Point fort ou point faible ? Pour un roman noir, c’est peut-être un point faible. La débauche des moyens mis en œuvre finit par créer une forme un peu trop riche pour le contenu qu’elle veut accueillir, mais sans aller comme le Carax des Amants du Pont neuf jusqu’à esthétiser la misère.
Il n’y a pas à proprement parler de distorsion entre fond et forme dans ce roman. Porté par un humour noir (forcément) mais aussi très vif et très attentif, qu’une imagination généreuse sert au mieux, La Vie n’est pas une punition est paradoxalement un roman à la fois noir et optimiste. Même si le blues y perd un peu en gravité, on aurait tort d’y renoncer par purisme.
La Vie n’est pas une punition
Pascal Dessaint
Rivages noir
236 pages, 55 FF
Domaine français Un blues de Toulouse
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Christophe David
Un livre
Un blues de Toulouse
Par
Christophe David
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.