Han Shan signifie en chinois vieille montagne. C’est également un poète du VIIe siècle. Son traducteur, Martin Melkonian, a su entendre sa parole pour nous la restituer dans son mélange d’ironie aimable, de sagesse feinte et de folie contrôlée. Han Shan nous est proche par son souci de dénoncer toute vanité et de se lier au simple des choses. Il diffère en même temps parce que la vitalité de ses poèmes, leur brièveté, leur candeur apparente nécessitent un recueillement subtil. À peine l’avons-nous atteint que ce personnage aux allures de singe s’est éloigné dans l’ascension d’une montagne avec laquelle il semble faire corps : « Si toute ma vie durant/ je me cache dans montagne froide/ vivant de plantes/ vivant de baies/ quoi de mal à ça/ suis ton karma mon vieux/ jusqu’au bout/ jour mois coulent/ comme ruisseau/ temps/ étincelle de deux silex/ frottés/ je regarde devant moi/ laissant le monde à son agitation/ trop heureux croyez-moi/ d’être assis là/ au milieu des falaises. » Une compagnie précieuse dont la vertu première est peut-être de nous apprendre à tout aimer sans être sûr de rien.
Fourbis
Traduit du chinois
par Martin Melkonian
44 pages, 60 FF
Poésie Montagne froide
juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16
| par
Marc Blanchet
Un livre
Montagne froide
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°16
, juin 1996.