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Poésie Le ventre de Sampiero

septembre 1996 | Le Matricule des Anges n°17 | par Emmanuel Laugier

À 43 ans, Dominique Sampiero a publié plus de douze recueils de poèmes. C’est énorme. Il fallait sans doute en être passé par ce nombre-là de livres pour arriver aux proses des Pluies battantes, un livre tendu, âpre, qui nous fait passer par l’insupportable enracinement de la terre qui coupe, par le fond vaseux des étangs, pour dire la parole tue de tous, et la sienne d’abord, celle qui semble trahir en prenant aux autres le silence mâché de leur vie. Comme s’il fallait passer, selon quelques-uns des titres des Pluies battantes, par « La loi des ronces », la « Semence du non », par des mots arrachés « Du bout des nerfs » à « la chair noire, l’inquiétude » pour, au moins, dire. Mais dire quoi ? La pourriture qui prend partout, le monde comme il va, les petites morts au fond de petits bourgs jetés dans l’abandon, avec leur chien maigre et traînant, leur station service en bout d’avenue aux couleurs passées. Un beau tableau que ça fait pour le cœur, presque un Édward Hopper à la sauce du Nord, mines en sus, alcoolisme et bars jaunes de néons. Mais les mots de Sampiero n’immobilisent rien. Ce n’est pas un tableau qu’ils dressent, depuis ce Nord d’où ils partent, s’arrachent et remontent. C’est au contraire un mouvement qu’ils tracent, soudain ou lent, c’est une sorte de chute des pauvres gens et du paysage qu’il inscrit dans ce livre. Dès les premières pages, visez un peu où cela nous emmène : « On ressemble aux vaches, à tout le monde, aux chiens derrière les grilles. Au chat fou qui traverse comme une flèche, éclate contre une voiture tout le sang de sa fourrure, sa cervelle, son dedans à vif. (…) On écrit des livres éventrés, tout le corps en porte la trace ». Depuis La Vie pauvre (prix Max-Paul Fouchet, La Différence, 1992), Centre ville (Paroles d’Aube, 1995), Dominique Sampiero forge sa langue, de plus en plus rêche, sans peur des mots, jusqu’à dire dans Les Pluies battantes le rien de solitude que chacun porte, « ce rien parfois qu’on croise dans le sommeil quand le corps se réveille, endolori, comme dévoré par un million d’insectes… ».

Emmanuel Laugier

Les Pluies battantes
Dominique Sampiero

Lettres Vives
75 pages, 89 FF

Le ventre de Sampiero Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°17 , septembre 1996.
LMDA PDF n°17
4,00