Ces onze nouvelles, parues en 1985 chez Denoël, ont l’apparence aussi appétissante que des petits champignons vénéneux. Délicats au toucher, attendrissants à l’oeil. Mais sitôt avalés, voilà qu’ils vous tuent sur-le-champ. Enfant, Maurice Pons devait se régaler des faits divers sordides, plutôt que des histoires naïves de croque-mitaines. Avec une cruelle désinvolture, (« Nous étions ses meilleurs amis (…) C’est tout naturellement chez nous qu’elle vint pour mettre fin à ses jours. »), l’auteur des Saisons convoque, à partir de fragments de vies ordinaires, quelques spectres fugitifs, jouant avec la mort en espérant faire perdre la tête aux vivants. Le hasard, l’infortune, la fatalité embrassent, quant à eux, la charge d’hôtes impromptus. Il y a dans ce recueil, relevant du fantastique à visage humain, une gravité glacée qui défie toutes les lois. Bel effet. Comme un coup du lapin, porté par une caresse.
Douce-amère, de Maurice Pons
Le Dilettante 172 pages, 95 FF
Domaine français Douce-amère
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Philippe Savary
Un livre
Douce-amère
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.