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Domaine étranger Le ballon de l’indépendance

novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21 | par Christophe Fourvel

Autour d’un shoot malheureux, un différend France-Islande vu par un écrivain suédois. Cocasse et épicé.
L’histoire du Buveur de lune ne pouvait se dérouler qu’en Islande. A cause de l’importance des volcans, de l’industrie de la pêche et de la lande désertique. A cause de la petite taille et de la jeunesse de ce pays. Le livre raconte l’histoire d’un homme élevé par son père, voix célèbre de la radio islandaise pour ses digressions poétiques et ses mercuriales relevées. L’enfant n’a pas connu sa mère et découvre peu à peu, en accédant à l’âge adulte, que tous les fils de son destin tiennent dans la main magicienne de ce père buveur de lune, dragueur de fées, amoureux de tous ce qui donne à la vie sa teneur, comme par exemple les légumes frais et les penseurs du moyen-âge, le Chablis et les fleurs de nénuphars.
La trame de ce roman tourne très sérieusement autour de la confiscation d’un ballon de football par un diplomate français. Ce ballon est un cadeau de naissance fait par le gouvernement islandais au père du héros, Pétur, pour avoir eu l’excellent goût de naître le jour de l’indépendance de son pays. Pour ses 12 ans, Pétur reçoit en cadeau paternel cet emblème de l’orgueil national et l’envoie, d’un coup de pied malchanceux dans les jardins de l’Ambassade de France, d’où il ne sera jamais restitué. Il s’en suivra un incident diplomatique moucheté (économie oblige), un branle-bas de combat à l’échelle d’un pays de 200 000 habitants où tout le monde possède un membre de sa famille au gouvernement.L’auteur, Göran Tunström, est suédois. Né en 1937, auteur de poésies, de pièces de théâtre, il n’est connu en France que pour ses romans et ses livres de voyage, tous parus aux Editions Actes Sud comme L’oratorio de Noël, Le voleur de bible ou Partir en Hiver. Ses romans sont ceux d’une réalité marginale, presque magique. Ainsi Le buveur de lune est avant tout un roman burlesque dans lequel un pasteur ivre baptise un enfant sans même en avoir conscience, une Land Rover percute une bigote à l’intérieur d’une église. Il atteint des sommets avec le portrait de la mère, aussi présente que le vide dans un poème japonais, ombre avalée par la montagne et dont elle paraît n’avoir été qu’un bout de chair érudite, une sorte d’esquimau claustrophobe scellée aux vibrations improbables de la glace mais férue de Platon et de Merleau-Ponty. Ces moments font du buveur de lune un grand roman, même si la dernière partie apparaît comme un renoncement à cette démesure au profit d’une épure plus convenue. Dommage, car le souffle qui court sur plus de deux cents pages est celui d’une belle altitude. Peut-être alors, que cette histoire aurait pu voir le jour sur les haut plateaux des Andes ou dans un village mexicain. Cette manière de frotter les êtres à des situations singulières, pour en faire étinceler l’émotion la plus brute rappelle les romans de Vargas-Llosa ou de Garcia Marquez. On pense aussi à d’autres écrivains du nord, comme la finlandaise Idström ou le danois Svend Åge Madsen. Il semble enfin que l’Islande soit une terre de fées et d’excentricités. Elle doit peut-être cette similitude avec l’Amérique du sud à une lointaine invasion espagnole… A lire le suédois Tunström, on n’imagine plutôt le débarquement de Don Quichotte que des soldats de Cortès. Mais chut…
Le buveur de luneGöran TunströmTraduit du suédois par Marc de Gouvenain et Lena Grumbach
Actes Sud303 pages, 128 FF

Le ballon de l’indépendance Par Christophe Fourvel
Le Matricule des Anges n°21 , novembre 1997.
LMDA PDF n°21
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