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Théâtre La partition du doute

janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22 | par Maïa Bouteillet

Le Pli de la nappe au milieu du jour : natures mortes

Homme de théâtre et romancier hors norme, Bruno Bayen ajoute une pièce et un essai libre à l’architecture d’une oeuvre poétique et multiple.
A trois mains est de ces textes complexes et singuliers que les nombreuses lectures semblent ne jamais épuiser. Déroutante, la pièce suggère de multiples questions sur le mode d’une composition impressionniste. Il y a l’histoire d’amour entre Pierre Victor et Adrienne qui, le jour du mariage, refusera sa main. Il y a aussi Loïk, le frère adoptif et haï, qui vient jetter le trouble entre ces deux-là. Et Pierrette, qui pourtant revient toujours à Charles Enesprit, comme s’il n’y avait de véritable amour qu’entre une soeur et un frère. Et la guerre. Une mère ou une luciole et une météorite aussi… Destins croisés, temps fragmentés, histoire d’amour, histoire de haine, lambeaux de mémoires et résurgences. A trois mains évoque comme une indication musicale où, derrière les personnages, surgirait un jeu de mains : celle qui ne s’est pas donnée, celle perdue à la guerre et la main fantôme.
« Si tu sais que là est une main, alors nous t’accordons tout le reste », écrit Ludwig Wittgenstein en conclusion de son dernier ouvrage, De la certitude. Et Bruno Bayen reprend la proposition à son compte pour composer sa partition. Une pièce, nourrie de symbolique et de doubles, sur le doute et sur la perte. le théâtre devait distribuer des certitudes, qui en aurait encore besoin ? dit l’auteur à propos de sa pièce, qu’il vient de créer à Bobigny.Entre pensée et sensibilité, le texte offre des moments de grande poésie. La première partie traversée par les doutes d’une femme est à ce titre la plus remarquable. « Je veux bien, au lieu de dire oui, dire debout : Tu as un corps. Je saurai employer ce corps qui est le tien. Je peux m’employer à employer ton corps, car c’est m’employer moi. Et je baiserai la bouche de celui qui me dira : J’ai un corps. Pourquoi tu te maries ? ».Homme de théâtre révélé à la scène dans la grande effervescence de l’après 68 - on le compare alors à Chéreau - Bruno Bayen, 47 ans, a signé une trentaine de mises en scène et exploré les voies multiples de la littérature. Auteur d’une douzaine de romans, récits et pièces (pour la plupart édités au Seuil, chez Gallimard et à L’Arche), il est aussi traducteur, notamment de Peter Handke. Parallèlement à sa dernière pièce, il publie Le Pli de la nappe au milieu du jour. Un ouvrage une fois de plus déconcertant et qui s’accommode mal de la catégorie dans laquelle il est rangé. Derrière les natures mortes qui jalonnent les pages -celles déjà composées par les artistes passés à la postérité et celles, hors peintures, que l’oeil contemplatif échaffaude à partir des riens du quotidien- surgit la lente émotion des traces autobiographiques. Charmé par la beauté de l’écriture, on se laissera volontiers glisser au fil de ce voyage sensible. Compositeur attentif, Bruno Bayen est un rêveur solitaire.

Bruno BayenA trois mains
L’Arche93 pages, 65 FF
Bruno BayenLe Pli de la nappe au milieu du jour
Gallimard70 pages, 110 FF

La partition du doute Par Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°22 , janvier 1998.