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Poésie Le marcheur italien

janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22 | par Marc Blanchet

Figure emblématique de la poésie italienne aux côtés de Luzi et Pasolini, Attilio Bertolucci dessine ici le portrait d’une Italie protéiforme.

Déjà considéré comme un classique de la poésie italienne d’après-guerre, Voyage d’hiver, second des grands livres d’Attilio Bertolucci, regroupe des poèmes écrits entre le milieu des années cinquante et 1970. Comme le souligne le préfacier Bernard Simeone, Attilio Bertolucci, né en 1911 et père des cinéastes Giuseppe et Bernardo, a écrit ce recueil dans « les plis et replis » d’un roman familial en vers intitulé La Chambre. Cette indication ne doit pas faire croire à de quelconques reliquats : Voyage d’hiver existe justement dans la solitude fraternelle de chacun de ses poèmes, facettes qui dans leur unité créent ce diamant à l’état apparemment brut.
L’écriture de Bertolucci est là dans sa propre plénitude : entre vers ouvragés et subtils, et une restitution du réel spontanée, comme obéissant à une urgence plus difficile à identifier.
Ainsi le poème En train exprime à lui seul ce Voyage d’hiver, titre emprunté -à l’inverse de cette œuvre radieuse- à une œuvre de Schubert aux tonalités nocturnes, un voyage tantôt marche méditative tantôt déambulation nostalgique où le poète n’écrit que dans la complicité d’un lecteur imminent, en tout cas nécessaire pour partager ses sensations : « Je n’avais pas souvenir d’un octobre/ si durablement serein,/ la terre labourée, sarclée,/ prête pour la semence,/ divisée par des vignes roussâtres/ souples comme des guirlandes.// Mais ne me dites pas, ne me dites pas/ que c’est une saison clémente :/ la fumée qui la strie/ s’élève de feuilles qui ne sont plus,/ les tables du soir brillent éparses./ Pourquoi n’attendons-nous pas les morts ? » A l’image de cette dernière phrase, l’œuvre d’Attilio Bertolucci est cette tentative jamais atteinte d’une « mémoire pour un temps présent » de la terre italienne.
Dans une grande variété de thèmes et d’impressions, le père promène ainsi son miroir et prend soin de réfléter dans une langue fidèle les métamorphoses de son pays, de la disparition des campagnes à la frénésie des villes.
Cette poésie est souvent très proche de la prose -peut-être trop. Mais ne perdons de vue qu’il s’agit d’une traduction : là où les rimes du poètes sont régies par des voyelles, notre langue offre un substitut moins musical.
Cette écriture est aussi chargée de secrètes ruptures qui déstabilisent sans cesse la clarté du propos. Celles-ci donnent à ce recueil sa magie et son charme, et renforcent ce sentiment d’incertitude dans un pays antique soudain bouleversé par les mutations économiques.
Cette suite de portraits, instants et souvenirs met en scène aussi, au-delà de l’existence même de Bertolucci, le poète comme sacrifié par le besoin de trouver une nouvelle langue pour son chant : « Ici, où un poète a pleuré et déliré un mois/ de sa vie -un avril/ de nuages,/ de beau ciel serein/ menacé de fêlures-/ abandonnées battent les persiennes. » Dans la multiplicité de ses interrogations, ce livre est aussi le regard d’un homme sur ses enfants, sur son épouse et sur ceux qui naissent et disparaissent. Voyage d’hiver embrasse ainsi une totalité qui explique son importance et dont la première traduction française nous rend avec justesse la chaleur et l’espoir qui parcourent les pages.

Voyage d’hiver
Attilio Bertolucci

Traduit de l’italien
par Muriel Gallot
234 pages, 98 FF

Le marcheur italien Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°22 , janvier 1998.
LMDA PDF n°22
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