Inégal, ce massacre de la Saint-Valentin façon chinoise dans un Paris impersonnel. Fajardie y dégrossit à grands coups de style mitraillette (phrases courtes, dialogues sans profondeur) quelques caractères intéressants. Des tueurs chômeurs, abonnés à des maquis et à des idéologies moribonds, ou pétris du souvenir d’une enfance perdue. Prêts à payer leur liberté de quelques coups de couteau dans le dos. Mais il n’hésite pas devant les poncifs les plus éculés, avec ces Chinois forcément impassibles, forcément machiavéliques. Le casse du siècle tourne à la guerre de clans, Fajardie mène gaillardement le ballet des tueries, et tire avec aisance les fils du suspense. Mais pourquoi s’obstine-t-il à nous zigouiller ses personnages dès que ceux-ci prennent un peu chair ? Et il ne pousse pas jusqu’au bout sa chanson du désenchantement. La fin se la joue tendre pour des lecteurs bonne pâte. Digne d’un technicolor.
La Table Ronde
262 pages, 45 FF
Domaine français Brouillard d’automne
juin 1998 | Le Matricule des Anges n°23
| par
Sophie Malibeaux
Un livre
Brouillard d’automne
Par
Sophie Malibeaux
Le Matricule des Anges n°23
, juin 1998.