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Poésie Désert fertile

septembre 1998 | Le Matricule des Anges n°24 | par Marc Blanchet

Avec Désert natal, Cédric Demangeot nous offre un premier recueil où la démesure du monde côtoie la démesure de soi. Prometteur.

Première publication d’un poète âgé d’à peine vingt-quatre ans, Désert natal de Cédric Demangeot constitue peut-être une réponse à tout lecteur soucieux de découvrir ce que peut écrire la jeune génération. Une occasion de voir dès à présent les différentes influences décelables et leur éventuel dépassement, bien que ce soit une écriture accomplie qui se présente à nous en mariant au sein même du poème une appréhension de l’infini et un apprentissage douloureux du corps. Ainsi, le premier poème offre une aube primitive où la conscience de soi est animale et le monde un amas sur le corps de l’homme : « Bête, j’entre avec la faim de m’apprendre/ par les racines qu’on ronge et les commencements./Je compte mes doigts, mes dents, les pierres/ disjointes de la langue ; bientôt/ à la main close comme une mère en sommeil./J’apprends le naître, le boire-au-sein,/ le parler. Le vide sur l’épaule lourde. » Tels les membres d’Osiris, le poète rassemble les fragments épars du monde pour les recomposer au sein du poème mais prend conscience, est la conscience que cette dispersion rassemblée est avant tout celle du langage. La fin du poème en débouchant sur la vue et la vision affirme cet effort de recomposition pour rendre vraisemblable et possible l’existence malgré les blessures : « Le monde se résume/ à ma bouche ensablée dans le désir de dire/ une passerelle, un abreuvoir, un œil. » Soucieuse de dire les « passages », cette poésie évite souvent les écueils d’une intériorité excessive tout en se maintenant dans les autres passages ouverts par Char, Bonnefoy ou Dupin. La révélation même de l’infini que possède le mot « Lumière » est ainsi tutoyée, rudoyée par l’homme qui fait l’expérience mystique de l’écriture : « Lumière d’empire à murs où j’aboutis démantelé./ Lumière du surplomb de moi./ Du premier miracle./ Puisses-tu souffrir.// Puisses-tu souffrir/ autant que j’ai souffert./ Et puisses-tu saigner, superbe dans l’air blanc,/ giflée par le retour ailé, vers toi, des mes fragments. » Cette affirmation du pouvoir du verbe devant une puissance muette, Cédric Demangeot la développe, la mène, la malmène au cœur d’une poésie toujours maîtrisée dans ses images. Pas d’éclatement du vers sur la page, ou très peu : l’application à laquelle se tient le poète n’est pas victime d’effets bavards ou de complaisance stylistique. Tout y demeure violent mais retenu, ce qui accentue le sentiment d’abandon, de douleur, et surtout de lutte qui parcourt ces pages. Ecrite en vers libres donc, cette poésie devient parfois de rares poèmes en prose comme celui de la troisième et dernière partie qui réinsuffle par le biais du conte poétique une sensation d’équilibre parmi la violence ambiante : « A mi-hauteur du mont était une source, où naquit un berger ; qui eut le don des lèvres comme sa mère avait des lèvres ; qui eut le don du souffle, comme son père celui des mondes. Sa première parole fut un poisson. (…) Mais il avait l’amour inquiet, et mourut de l’eau qui manque aux hommes. L’oubli de son visage mine les fondations de nos mémoires. Son souvenir est d’oublier tous les visages. D’océan, se faire source. A mi-hauteur du mont. » Parce que tout au long de ce recueil, l’auteur ne se laisse jamais fasciner par la profondeur des thèmes qu’il aborde, cette poésie recèle de multiples directions dont on espère qu’elles seront empruntées avec la même intelligence et inventivité.

Désert natal
Cédric Demangeot

Fata Morgana
72 pages, 69 FF

Désert fertile Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°24 , septembre 1998.
LMDA PDF n°24
4,00