Parce que Sarah Kane est anglaise comme Edward Bond, et que sa première pièce Anéantis a fait scandale comme Sauvés de Bond en son temps, il serait tentant d’établir un parallèle entre ces deux écrivains. Préoccupés de l’humanité de l’homme dans une société inhumaine, ils provoquent tous deux le lecteur en le plaçant face à des situations insoutenables. Mais autant Bond fait l’effet d’un électrochoc, autant cette première œuvre de Sarah Kane ressemble au couperet de la guillotine. Anéantis traite de la guerre civile, de la torture, du viol et du cannibalisme qui en résultent… La langue est brutale, les phrases sont souvent très courtes, les mots n’arrivent pas à dire vraiment. Alors l’écrivain utilise les didascalies, les actes des personnages pour décrire l’horreur qui se déchaîne en fin de parcours. La nausée n’est pas loin, le lecteur referme le livre avec l’impression d’avoir été voyeur, hanté par certains passages.
L’Arche
Traduit de l’anglais
par Lucien Marchal
86 pages, 75 FF
Théâtre Anéantis
mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Anéantis
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°26
, mai 1999.