Sans être une Lolita, Nina est l’image parfaite de la femme-enfant. Cette étudiante moderne, éprise de livres anciens, est gentiment égoïste, diablement désirable et joliment mutine. Elle aime voir le désir dans le regard des hommes que ses jambes nues croisent dans les rues et pleure parfois devant la misère du monde. Nina est l’objet unique de ce livre. Le narrateur a dix ans de plus qu’elle. Ce qui explique peut-être cette distance qu’il feint de mettre entre lui et son modèle : une distance curieuse. Constitué de courts fragments qui tous commencent par le prénom de la bien-aimée, ce portrait suscite un bonheur de lecture aussi léger que le corps de Nina. Le sujet, il est vrai, interdit la grandiloquence surtout que : « Nina lit Mallarmé, Char, Michaux, Rilke, Bonnefoy -j’envisage d’arrêter l’écriture. » Il sera difficile au lecteur de ne pas sortir de ce livre totalement amoureux de la belle. « Nina au restaurant s’est vu servir, comme les enfants de la tablée, une grenadine en guise d’apéritif. Quand elle a ôté son pull-over, le serveur a rougi. » De plaisir ?
L’Anabase
76 pages, 60 FF
Domaine français Nina, un portrait
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Thierry Guichard
Un livre
Nina, un portrait
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.