Un livre

Légendes du Balkan

de Yordan Yovkov

Editions Esprit des péninsules

S’il est un des principaux écrivains bulgares, Yordan Yovkov est quasiment un inconnu ici. À tel point que cet ouvrage, Légendes du Balkan, compilation de récits provenant de différents recueils, serait le premier à être édité en France (né en 1880, Yordan Yovkov est mort en 1937). On pense inévitablement à l’écrivain yougoslave Ivo Andric car, dans un style plus simple et moins foisonnant, l’écrivain bulgare situe une partie de ses histoires à l’époque de l’occupation ottomane de cette partie de l’Europe. Le Balkan, une chaîne montagneuse ayant donné son nom à toute la région, sert de cadre à ces légendes semblables à des contes. Ce qui est sans doute de l’ordre du patrimoine et du folklore pour les Bulgares est pour un autre lecteur une porte ouverte sur l’étrange foisonnement historique balkanique. « Tel un courant aux eaux troubles, les kardjalis descendaient au galop des Bakadjitsi vers la plaine. À leur tête se trouvait Indjé avec sa troupe ; derrière lui, poussant des cris sauvages pareils à des loups assoiffés de sang, affluaient en rangs désordonnés sur leurs chevaux fougueux les karjalis de Sivri-bilouk-bachi, d’Ederhanoglou, de Déli-Kadir et d’autres chefs encore. » Le trait peut être gros mais, comme dans un conte ou dans une chanson de geste, il donne simplement envie d’écouter l’histoire de ce farouche guerrier qui connaîtra la rédemption. Si les bandits sanguinaires chevauchent allègrement dans ce recueil, s’ils croisent inévitablement une jeune fille au regard clair, Yovkov s’attache aussi à peindre des héros plus simples dans la première partie de l’ouvrage. Des artisans et des bergers, dont Yvan Beline qui connut la mélancolie pour avoir, par orgueil, tué une louve. Moins intéressants, ces récits sont trop réductibles à la morale qu’ils illustrent et à une forme d’exaltation naturaliste. Ils n’ont pas la force des légendes qui, elles, frappent l’imaginaire.

Légendes du Balkan
Yordan Yovkov
Traduit du bulgare par Maryse Vrinat
L’Esprit des péninsules
169 pages, 120 FF