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Histoire littéraire La foire aux vanités

octobre 1999 | Le Matricule des Anges n°28 | par Éric Dussert

Enquête sur l’évolution littéraire

Natif de Boulogne-sur-Mer, Jules Huret (1863-1915) entre à L’Écho de Paris en 1889. C’est là qu’il va imaginer une innovation dont la chronique littéraire du XXe siècle et le journalisme en général ont fait leurs choux gras : l’enquête. Ce mode d’interrogation n’est pas neuf lorsqu’il le met en œuvre mais c’est bien lui qui conçoit le premier ce que l’entretien direct peut avoir d’éclairant dans le cadre d’une grande enquête sur les mœurs et les débats esthétiques du monde des Lettres.
Comme l’indique Daniel Grojnowsky dans sa préface, Enquête sur l’évolution littéraire qui paraît entre le 3 mars et le 5 juillet 1891 recèle la « parole collective » de 64 écrivains. Parmi eux des stars (Mallarmé, Barrès…) côtoient les deuxièmes couteaux (Geffroy, Haraucourt, Richepin…) et les troisièmes larrons (Guiches, Remacle…). L’opération vaut à Huret une grande renommée et la réputation d’un interviewer féroce. Il est vrai que l’enjeu est essentiel pour les écrivains qui tentent de profiter de la tribune d’un journal à grand tirage. Et chacun de se pousser du col en profitant de la querelle du naturalisme (déclinant) et du symbolisme (élitiste et ésotérique), voire des débats des sous-groupes (jeunes contre vieux, etc.) ou autres inimitiés particulières.
Drôles, méchantes, candides ou retorses, toutes leurs réponses constituent des documents historiques et des portraits psychologiques vivants. Témoins ces propos d’Émile Bergerat sur le sort des symbolistes de Jean Moréas : « Ils resteront (…) à l’état de petits cénacles, de bonzeries. Ils seront des mandarins réunis chez un ami riche qui « éclairera ». Là-dedans, on se congratulera, et l’on se distribuera des ouvrages curieux, d’un style compliqué, édités seulement à dix exemplaires. » On pourrait citer mille autres piques qui donnent son sel au recueil. À titre d’exception, il faut saluer la noblesse du romancier naturaliste Léon Hennique qui déclare : « Je ne peux me résoudre à dauber les maîtres, à égratigner les écrivains de ma génération, à pourfendre mes jeunes confrères, ni (…) à trompeter des choses médiocres et inutiles… ni même à parler de moi élogieusement. Donc, si vous le voulez bien, je ne vous en dirai pas plus. » À vous les studios.

Enquête sur l’évolution littéraire
Jules Huret

José Corti
432 pages, 135 FF

La foire aux vanités Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°28 , octobre 1999.
LMDA PDF n°28
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