Hi.e.ms N°3 (Choses)
Sapriphage N°36
Légendes N°7
Utilisant un procédé proche de l’ancienne revue Le Serpent à plumes, mais sous un format et une forme très différente, Hi.e.ms propose dans sa troisième livraison, enserrés dans une liasse, sept cahiers qui accueillent chacun un auteur. De Jean-Luc Nancy pour la philosophie à Geneviève Bribot pour ses Collages, cet éventail s’ouvre à des écritures très différentes. Citons Pierre Bergounioux dont le texte Le Poids du monde fait écho aux propos tenus dans Ultimum Prétexte (voir ci-contre), le très beau et fantomatique travail de Jean-Marie Gleize (La Poésie n’est pas une solution) mais surtout la poétesse Elke Erb, Allemande de l’ex-RDA, dont les poèmes bilingues (Les Poètes habitent les siècles) laissent entendre une ludique ironie. H.i.e.ms semble avoir trouvé la bonne forme.
Hi.e.ms N°3 85 FF
(23, rue de République 83300 Draguignan)
Sapriphage consacre son numéro 36 à une poésie qui existe puisque nous dit Jean-Pierre Bobillot, « elle a une histoire -Des dates, des auteurs, des œuvres » et qui n’existe pas puisqu’« elle est absente des dictionnaires, des histoires, des manuels ». Il s’agit donc, ici, de tenter de corriger l’ingratitude de notre société à l’égard de la poésie sonore et/ou visuelle.
Pour ce faire Sapriphage offre avec ce numéro un disque compact de très bonne facture. En ouverture de la partie imprimée, Michèle Métail présente Compléments de noms et en donne un extrait. On y remarque ainsi que la répétition, lancinante, recèle une matière idéale pour les poètes « sonores » ce que l’écoute du disque confirme. On retrouve bien sûr Bernard Heidsieck qu’il vaut mieux entendre que lire ou lire après l’avoir entendu.
Sapriphage N°36 95 pages + 1 CD, 100 FF
(118, av. Pablo-Picasso - 92000 Nanterre)
Nous ne ferons qu’un seul reproche à la revue Légendes : celui de ne pas paraître plus souvent. Car -ce N°7 en témoigne- la revue dirigée par Laurent Fassin s’est imposée comme une des plus importante de France.Ouverte à la littérature internationale et aux différentes formes qu’elle peut prendre, Légendes parvient à rendre palpable la pensée et la conscience de la littérature.Dans un passé récent la revue s’est démenée pour défendre (c’est-à-dire aussi illustrer) l’œuvre de Gustaw Herling, grande figure de l’intelligentsia européenne, dont on lit ici un témoignage saisissant : au printemps 1944, ce Polonais engagé dans les forces alliés arrive à Sorrente et fréquente la maison de Benedetto Croce. Mais s’il n’y avait qu’un auteur à citer dans ce numéro ce serait sans conteste Jean-Baptiste Niel dont la nouvelle Orlane Taxoatteint au chef d’œuvre.On y voit une enseignante tomber mystiquement amoureuse de sa classe et l’on y retrouve cet humanisme éclairé qui parcourt toute la revue. Compagnon des premiers temps de Légendes, Jean-Baptiste Niel est mort en 1995.Fidèle et généreuse dans sa défense d’œuvres mal connues, Légendes bâtit à chaque livraison, une bibliothèque essentielle.
Légendes N°7 211 pages, 95 FF
(BP 37 - 95222 Herblay cedex)