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Premiers romans Entre les bombes

janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29 | par Christophe Dabitch

Dans La Guerre au bord du fleuve, le journaliste Jean Hatzfeld tente de décrire les instants qui échappent au fracas. Et où la vie bat, violemment.

La Guerre au bord du fleuve

Après son magnifique livre intitulé L’Air de la guerre (éditions de l’Olivier, 1994), Jean Hatzfeld, reporter à Libération, poursuit son écriture sur un même sujet où plutôt un même lieu : l’ex-Yougoslavie. Mais, cette fois-ci, par le biais de la fiction. Dans ce roman intitulé La Guerre au bord du fleuve, un Français, Nico, à la recherche d’un souvenir amoureux, se retrouve presque par hasard dans une région dévastée par les combats. Après avoir recueilli les derniers mots d’un jeune homme, il se détourne de l’itinéraire prévu et s’embarque pour un voyage à travers les lignes de front, guidé par une étrange curiosité puis par l’amour d’une femme, Siena, qui le fascine autant que le spectacle de la guerre.
Même si l’écriture de Jean Hatzfeld semble parfois alourdie par le genre romanesque et ses contraintes, on retrouve ici ce qui faisait la force et la beauté des courts chapitres thématiques de L’Air de la guerre. C’est-à-dire la sensibilité d’un regard qui s’attache à décrire les effets de la guerre sur les hommes, sur les bêtes, sur la nature. Ce que l’on sait à force de l’avoir vu : les destructions, l’horreur des tueries, la douleur des familles, l’obscénité de ces combattants qui « sont un peu pareils à des chiens de rue. La première fois, ils savent pourquoi ils se battent, un os, une chienne en chaleur, une niche, puis ils se battent dès qu’ils se rencontrent, seulement parce qu’ils ont en mémoire leur dernière bagarre, jusqu’à ce qu’on les sépare de force, ou que l’un prenne peur de l’autre ».
Et ce que l’on ignore pour ne pas l’avoir vécu : le silence qui s’empare de beaucoup, l’attente, l’ennui, cette accumulation de bouleversements intimes qui font changer les êtres, mais aussi la part joyeuse et paradoxale d’une vie soudainement exaltée par la menace. Ce que l’accompagnatrice du narrateur, Siena, décrit ainsi : « On pensait qu’on ne pourrait pas éviter la guerre, qu’elle se terminerait et qu’il se serait passé quelque chose dans notre vie. Moi, je ne me suis jamais réjouie mais pas désespérée non plus. Je voyais ça arriver comme une sorte de nettoyage de printemps, un peu violent. Au début, beaucoup de gens étaient contents de ranger tous leurs ennuis dans le tiroir, comme des sous-vêtements usés ».
Avec cette façon mélancolique de nous faire découvrir par petites touches ce que signifie réellement la guerre au quotidien, ce que l’on y perd, avec ce point de vue toujours légèrement décalé et toujours pudique, l’auteur fait un portrait en creux de cette catastrophe très humaine dans laquelle « (…) ni les remords, ni le passé, ni l’avenir n’ont grande importance, (…) la compression de la vie transforme les comportements ».
Il ne s’intéresse pas au fracas des bombes mais à la vie qui persiste entre. Et, grâce à la fiction, se permet une sorte d’autoportrait, en homme qui passe, qui s’entête à partager un temps la vie de ceux qu’il croise puis qui s’en va, un peu plus lourd. Comme ce fleuve au cœur de l’histoire, auparavant source vitale et lieu de plaisirs amoureux, qui maintenant passe en charriant les cadavres.

La Guerre au bord du fleuve
Jean Hatzfeld

Éditions de l’Olivier
270 pages, 120 FF

Entre les bombes Par Christophe Dabitch
Le Matricule des Anges n°29 , janvier 2000.