Jean-Baptiste Para est celui qu’il fallait pour établir l’Anthologie de la poésie française contemporaine avec autant d’assurance et de simplicité. Il est aujourd’hui l’honnête homme de la poésie, actif dans les domaines de la revue, de la radio et de l’édition (il dirige le domaine italien de Gallimard sous la marque de L’Arpenteur depuis une douzaine d’années). Sans parler des traductions et de son œuvre poétique personnelle.
Né à Paris en 1956, J.-B. Para entre dès 1981 au secrétariat de rédaction de la prestigieuse Europe. Cet emploi lui confère un rôle prééminent puisqu’en concevant ses numéros thématiques, toute la littérature s’offre à lui. Les poésies étrangères en profitent largement. Il s’en est fait le porte-parole sur France-Culture depuis qu’André Velter lui a ouvert il y a sept ans les micros de l’émission Poésie sur parole.
La poésie est sa colonne vertébrale. « Depuis l’âge de vingt ans, explique-t-il, j’achète des livres de poésie presque toutes les semaines. Cela fait partie de mes lectures les plus régulières, les plus assidues. Non seulement de la poésie française mais aussi étrangère. Un certain nombre de débats ont lieu en France qui, réinsérés dans un contexte plus large, prennent la dimension de guerres picrocholines sur l’espace d’un timbre-poste. Je relativise. » Cet effort de mise en perspective explique pourquoi Para était sans doute le mieux armé pour sélectionner les poètes essentiels de la deuxième moitié du XXe siècle. Une authentique gageure : nommer ceux qui nés entre 1907 et 1947 connaîtraient l’inestimable privilège d’entrer de leur vivant au panthéon de la poésie française.
À quels objectifs répond votre anthologie ?
Il s’agissait de dessiner un paysage de la poésie française du XXe siècle avec une grande amplitude. J’ai bien compris que l’exhaustivité n’existe pas et qu’elle n’est peut-être pas souhaitable. Si l’on s’en rapporte à l’étymologie, anthos c’est la fleur, l’anthologie est un florilège. J’ai souhaité donner un panorama où ne domine aucune tendance mais où prime la singularité d’œuvres et de voix. Le but est la cohabitation de toutes ces voix.
À qui la destinez-vous ?
J’ai fait cette anthologie pour le jeune homme ou la jeune fille d’aujourd’hui. Il m’a semblé que cette reconstitution d’un panorama poétique n’avait pas été fait depuis la guerre. Pour ma part, je pense que l’anthologie est utile et en même temps qu’il ne faut pas lui accorder plus d’importance qu’elle n’en a. Les textes qui sont réunis s’adressent idéalement à quelqu’un qui souhaite faire des découvertes. Pour que dans l’éclair de rencontres furtives -les seules que permet l’anthologie-, les lecteurs puissent aller vers tel ou tel poète.
Quelles sont les premières réactions à votre sélection ?
Il y en a deux types, celles des gens très informés qui peuvent avoir des avis sur le choix des textes à propos de tel poète, voire faire des commentaires sur l’absence d’un poète,...
Entretiens La poésie selon Para
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Éric Dussert
Indépendant et pourvu d’une rare connaissance du sujet, Jean-Baptiste Para observe le champ très fleuri de la poésie française.
Un auteur