La terre dont il est question ici est autant celle du « paradis d’enfance », la Vendée natale avec ses foins, ses bouses de vaches, ses paysans et « les oiseaux patois dans les buissons dehors », le monde qui s’offre dans le dictionnaire agricole Larousse et dans la solitude des champs que la glaise et l’argile qui accueillent les premières écritures. C’est aussi « comme une mémoire. Une mémoire qu’on s’est perdu dedans », c’est encore « la terre qui se referme sur les pires charniers ». Dans ce recueil aux formes variées, qui reprend des poèmes déjà parus, James Sacré fait entendre la nostalgie d’une enfance disparue, dans un monde qui disparaît. On trouvera, dans les balbutiements de cette langue gauchie, un peu de gloire pour les « Paysans qui sont de plus en plus vieux. » À cela s’ajoute le désir, sa découverte, son interdit et ses travestissements : « Et comment décider si c’est l’odeur d’une chaussette propre ou celles de sales qu’on préfère ? »
La poésie de James Sacré avance ainsi, dans la moiteur des souvenirs, avec du doute au bout des vers, et de l’informulé qui se formule.
Le Dé bleu
123 pages, 87 FF
Poésie Si peu de terre, tout
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Thierry Guichard
Un livre
Si peu de terre, tout
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°31
, juillet 2000.