La nouvelle a ses défenseurs alors même qu’elle ne possède pas vraiment de définition. Textes courts, brefs, nouvelles, récits et novellas, chacun y va de son étiquette pour définir des œuvres dont la qualité seule nous importe. Annie Mignard, dont la présentation biographique ne nous épargne aucun de ses diplômes, a donc choisi de consacrer un livre à ce genre qu’elle pratique elle-même. Bizarrement l’ouvrage est publié en trilingue par le ministère des Affaires étrangères qui précise : « le texte publié dans ce livret et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leur auteur et ne représentent en aucun cas une position officielle du ministère des Affaires étrangères. » Ce n’est pas la seule cocasserie de l’ouvrage : le graphisme, qui joue sur deux couleurs, privilégie l’originalité à la lisibilité et il faut au lecteur manipuler l’ouvrage selon deux axes s’il veut lire les courtes citations d’auteurs. De quoi faire tomber le livre des mains. D’autant que « les idées qui peuvent s’y exprimer » ne s’y expriment pas. Annie Mignard se contente ici d’accumuler les descriptions rapides d’un paysage qui, historiquement et esthétiquement ne semble en rien caractériser le genre qu’elle décrit, mais bien la littérature tout entière. L’évocation historique est une accumulation accélérée de résumés très succincts des courants généraux : la littérature de voyage expédiée en six lignes ne vous mènera pas bien loin ; « les buissonniers » (Cingria, Vialatte, Réda) flânent à la vitesse du T.G.V. en à peine plus de mots. Pourquoi tant de précipitations ? On se dit qu’Annie Mignard est pressée d’arriver au cœur de son propos. Mais le descriptif horripilant se poursuit : non contents d’apprendre que certaines nouvelles sont courtes alors que d’autres sont longues, il nous faut aussi savoir que certaines ont une chute, d’autres non, que les formes varient, qu’il y en a de poétiques (et bizarrement le mot de poésie est ici associé à la lumière). Quelques approximations viennent alourd
Le livre trouve (enfin) son utilité dans la bibliographie proposée en fin de parcours suivie d’un court annuaire où les écrivains trouveront quelques adresses (dont certaines obsolètes !) d’éditeurs et de revues. Ç’aurait pu faire une plaquette offerte en librairies pour ceux qui ne possèdent pas d’accès à internet (où l’on trouve gratuitement plus d’informations), les arbres y auraient gagné et la nouvelle n’aurait rien perdu.
La Nouvelle française
contemporaine
annie mignard
Ministère des affaires étrangères/adpf
157 pages, 80 FF
Essais La pensée du « il y a »
avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34
| par
Thierry Guichard
Un livre
La pensée du « il y a »
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°34
, avril 2001.