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Domaine étranger Le baron épique

septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36 | par Philippe Savary

Feu d’artifice de drôleries et de fantaisie, les voyages du baron Brambeus sont déroutants. L’oeuvre d’une imagination déjantée à la langue bien pendue.

Voyages fantastiques du baron Brambeus

Du déluge verbal et picaresque avant tout. Ossip Senkovski (1800-1858) est un drôle d’oiseau russe. Il parlait une quinzaine de langues -dont l’islandais et le tibétain- et voyagea beaucoup. Côté cour, entre autres cocasseries, il dilapida sa fortune dans la fabrication d’une machine à sons révolutionnaire. Côté jardin, Senkovski fit sa réputation sous Nicolas Ier grâce à une revue populaire, Cabinet de lecture, dans laquelle il promut et pasticha la culture européenne sous différents pseudos farfelus dont celui du baron Brambeus.
Les aventures dudit baron donnent un aperçu de cet esprit effervescent, persuadé que « le passe-temps essentiel de l’homme consiste à se divertir des sottises de son espèce » et que rien n’égale meilleure compagnie, après avoir éliminé femme et canari, que son « brave et digne amour-propre ».
Le cadre posé et en vertu du principe selon lequel, en matière de sottise, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le baron nous ouvre sa biographie manuscrite, fragments de quelques pérégrinations qu’il effectua autour du monde, « par-dessus et par-dessous », pour étudier le genre humain. Récit de son éducation sentimentale, scientifique et poétique donc, à cette différence près que notre narrateur-voyageur, soucieux de sensations fortes, carbure à l’extravagance, instaurant de surcroît un rapport bavard avec le lecteur. Ce dernier se retrouve donc brinqueballé, par terre ou par mer, à Odessa où Brambeus tente de « contribuer aux progrès du commerce intérieur », à Constantinople où la peste et l’amour font bon ménage, ou encore en Sibérie à l’occasion d’une expédition scientifique abracadabrante. La précieuse découverte (les stalactites peuvent cacher des hiéroglyphes !) servira à conter la fin du monde (la faute à une comète) en cet an 11879 de l’ère barabienne. On y apprendra que « de manière évidente, les mammouths partageaient notre peine » et qu’ « une brouille avec sa bien-aimée représente le moment le plus propice aux observations astronomiques ». En guise d’épilogue, on verra notre baron-savant, le coeur « tendre comme de la gelée de fruits », chuter dans les entrailles de l’Etna, jusqu’à atterrir dans une curieuse communauté d’Hypogéniens où tout fonctionne à l’envers -on témoigne sa sympathie à coups de poings- avant d’être recraché par le Vésuve et finir sa course dans la calèche de sa bien-aimée.
Évidemment, après un tel périple, il faut reprendre son esprit, s’essuyer les mirettes : on tient entre les mains un roman éminemment calorique, à la croisée du romantisme flamboyant et de la science-fiction. Constantes digressions, ton satirique, mythomanie délirante, imagination débridée, récits pittoresques, faconde tellurique : Brambeus est un mélange explosif du baron Münchhausen, de Laurence Sterne ou du fou furieux Ladislav Klima. Mais sous couvert d’érudition, ce voyage truculent est aussi l’occasion pour Senkovski de vulgariser (quitte à tourner en dérision l’omniscience des savants) les enjeux scientifiques de son époque : la géologie, la paléontologie, les théories entourant la comète de Halley ou encore les excavations de Pompéi. N’en jetons plus ! C’est nourrissant, inattendu et franchement hilarant.

Voyages fantastiques du baron Brambeus
Ossip Senkovski
Traduit du russe
par Paul Lequesne
L’Esprit des péninsules
284 pages, 140 FF (21,34 )

Le baron épique Par Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°36 , septembre 2001.
LMDA papier n°36
6,50