[fragments]
J’
étais cave & sous-sol je m’
embrassais moi-même aux bras
ma bouche était teinte en mauve
désespérée d’être ainsi
à tous et toutes désignée
ainsi commença ce temps de corrosion
*
Là
où reposaient les miens
à grands coups de langue
s’était effacé jusqu’à leur patronyme
leurs noms soustraits au regard des autres
chagrinés
mon amour devenait unique
désespérant peut-être
mais mon amour était de cette race-là
que nul jamais n’entame
*
Ne
laisser aucune trace, aucune à ronger
*
Alors j’ai gratté la terre
l’enveloppe de ma naissance
en
une cavité pour deux soeurs
*
La
terre dans les mots s’amasse
cela forme un lieu d’étouffement
où le mouvement même de la parole
effrayé, se raréfie
*
tout est implacablement mort, certains le disent
*
ainsi dans le cimetière où la tempête
fait se heurter les tombes
suis-je malgré moi de l’ordre des rongeurs
un pain de sable dans les doigts
afin de marquer l’appartenance au désordre
*
J’
avais peur de me rendre sur leur tombe ô
combien je craignais cette prise de main
d’ailleurs
qu’aurais-je bien pu psalmodier ?
*
père et mère mêlés pourquoi pas enlacés
prêts à reprendre cette enfant d’eux
qui
ramassant la poussière l’ingurgitait en un
orgasme de gorge
Franck Venaille
Dossier
Franck Venaille
Hypersensitive
décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37