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Domaine français Le livre de personne

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Xavier Person

Un homme parlerait et dans ses mots presque tout pourrait être dit, les images des rêves, les sensations d’avant les mots, les mouvements de tous les hommes sur la terre, les mouvements des nuages et des nuages la substance même, le sang qui coule dans les veines des hommes et du mouvement de l’amour la puissance de métamorphose, la puissance de ce qui se lève dans les mots de l’amour et qui dépasse ce que les mots peuvent dire.
Écrivant Substance, son quatrième texte, Lorette Nobécourt dresse la scène d’un théâtre impossible. Elle y mêle aux péroraisons d’un idiot les fulgurances du prophète, les déclamations péremptoires du voyant. Elle n’a pas peur d’écrire comme les mots lui viennent. Elle n’a pas peur des mots. Elle rêve dans l’ardeur de ses phrases l’invention d’une langue inouïe, elle s’y jette avec excès car l’excès chauffe les mots, car l’ivresse est dans l’excès, car dans l’ivresse un grand bond est possible dans la langue, une danse est possible. Une grande fluidité fracassante entraîne la raison de celui qui parle aux orées des délires.
Écrivant Substance, Lorette Nobécourt se refuse à toutes précautions d’écriture, elle ne cherche pas à se poser dans la littérature, elle ne cède à aucune loi de bienséance, à aucune délicatesse. L’intelligence de son texte est de ne s’en prétendre aucune. La porte est ici ouverte aux lieux communs des imageries romantiques, aux innocentes et très rimbaldiennes foucades d’une impétuosité désarmante. La porte est grande ouverte en permanence et tout afflue, d’une parole au mysticisme incantatoire : « Je suis la substance présente, je suis la chair et le verbe mêlés, je suis l’homme vaincu au service du mystère, je suis le fou et la bête, la femme, le bègue et l’étranger. »
Je est un autre et l’écriture ici n’est plus celle de personne, traversée sans cesse, bouleversée de tout un inconscient lyrique, biblique, ésotérique. L’écriture pour ainsi dire renonce à elle-même pour se faire voyante de quelque chose de l’ordre de l’indicible, du silence. Elle se fait idiote. Elle n’est plus qu’un geste aveugle : « Vous êtes de cette substance-là, que le verbe n’a point encore affectée. » Elle ne sait que danser sans rien voir. Elle touche quelque chose.

Substance
Lorette Nobécourt
Pauvert
145 pages, 14,50 (95,10 FF)

Le livre de personne Par Xavier Person
Le Matricule des Anges n°37 , décembre 2001.
LMDA PDF n°37
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