Laurent Tailhade ou De la provocation considérée comme un art de vivre

La biographie de Laurent Tailhade (1854-1919) est le fruit de dix années de recherches durant lesquelles Gilles Picq a trouvé dans les archives, les journaux anciens et les collections privées de quoi alimenter un essai d’une précision rare. Belle gageure car la personnalité de Tailhade se range parmi les plus épicées des années 1880-1920 et son oeuvre pleine de relief et de variété (poèmes, articles polémiques, chroniques gastronomiques ou politiques) est peu fréquentée. Sans doute est-on resté sur une phrase fameuse du provocateur qui, après l’attentat Vaillant contre la Chambre des députés (1893), avait confié au Journal : « Qu’importe les victimes, si le geste est beau ? Qu’importe la mort de vagues humanités, si par elle s’affirme l’individu ? » Ironie du sort, Tailhade perdait un oeil quatre mois plus tard dans l’attentat du restaurant Foyot. On ignore toujours qui des anarchistes, de la police ou de l’Okhrana, la police politique russe, posa cette bombe-ci. Les biographes enquêtent.
Laurent Tailhade, de la provocation considérée comme un art de vivre
Gilles Picq
Maisonneuve et Larose - 828 p., 34 € (223 FF)