Le début du nouveau roman de Sylvie Germain laisse craindre que la force d’évocation habitant nombre de ses livres sera absente : « Ma solitude est un théâtre à ciel ouvert. La pièce a commencé voilà plus de soixante ans, en pleine nuit au coin d’une rue. » La Chanson des mal-aimants détaille l’errance de Laudes-Marie Neigedaoût -enfant diaphane abandonnée dès le berceau-, au rythme trop régulier d’une rencontre ou d’un lieu par chapitre. Et l’œil du lecteur finit par se lasser. Lorsqu’on connaît des textes aussi puissants que Le Livre des nuits ou Tobie des marais, on est déçu ici par une tiédeur inhabituelle. Certes, on retrouve l’univers violent de l’écrivain, mais on a la sensation qu’il manque au texte un élément pour réussir l’expérience de lecture, un peu comme si une partie de l’écrivain n’y était pas.
Chanson des mal-aimants
Sylvie Germain
Gallimard
256 pages, 16 €
Domaine français Chanson des mal-aimants
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Benoît Broyart
Un livre
Chanson des mal-aimants
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.