Quoi qu’il arrive, laisser une trace : suçon sur le cou d’un mari volage, trace d’urine sur les cuvettes des toilettes d’un restaurant, rouge de la menstruation. Les personnages de ce recueil de nouvelles parlent avec leur corps. Enfermés dans leur solitude, privés d’expression, ils laissent à leurs sécrétions et aux marques physiques le soin de crier leur mal-être. Aux quelques initiés de déchiffrer ces messages codés, tabous et rejetés par l’éducation. Toute une discipline : « Je ne faisais que survivre à l’exhalaison fétide de la solitude et de l’enfermement, réfugié dans les odeurs que je récoltais pendant la journée ». La chair est partout, mais le contact et la véritable rencontre avec l’autre sont sans cesse différés. Le problème est sans solution, pointé de la plume par Guadalupe Nettel, décliné dans ces nouvelles d’autant plus fortes qu’elles sont brèves, distillat de rencontres manquées.
Les Jours fossiles
Guadalupe Nettel
Traduit de l’espagnol
par Marianne Millon
L’Éclose
62 pages, 12 €
Domaine étranger Les Jours fossiles
janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42
| par
Franck Mannoni
Un livre
Les Jours fossiles
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°42
, janvier 2003.