Jacques Busse fait partie des auteurs parcimonieux dont un seul livre dit le talent avec assez de force pour qu’il ne leur soit pas nécessaire d’en ajouter. On pense à Marcel Lévy (Ma vie et moi), à Jacques Besse (ne pas confondre ! La Grande Pâque)… Propos d’ivrogne est de ceux-là : goûteux, brillant, unique. Une première édition en avait vu le jour en 1998 lorsque les éditions Obsidiane, « Propriétaire-récoltant depuis 1978 », fêtaient leur anniversaire. Depuis, le bouche-à-oreille avait rempli son office en vidant les flacons. Il était temps de rendre vie aux brillants textes courts du sage Busse.
Destiné à ceux qui en méritaient les leçons (ils se sont avérés nombreux), l’opusculet initial s’est vu adjoindre une lettre félicitatoire de Raymond Queneau et les Serrements d’amour qui débouchant sur la mort bouclent la course des jours selon Jacques Busse. Celui-ci parle en philosophe qui s’interroge sur les vertus du vin et ses rapports avec l’humanisme : « Boire seul est un plaisir raffiné, réservé aux vrais amateurs de saoulerie. Autant boire en société est facile et même quasiment obligatoire, ne serait-ce que pour en supporter la compagnie, (…) Se saouler, c’est toujours s’isoler. » Bel esprit, Jacques Busse dispense un sourire malicieux qui donne un sel fou à ses pensées sans illusion, ravageuses lorsqu’elles portent sur les choses du cœur : « On peut tout faire avec passion, sauf l’amour. » Boire ou aimer, faut-il choisir ?
Propos d’ivrogne suivi de Serrements d’amour de Jacques Busse
Obsidiane, 78 pages, 12 €
Domaine français Bibere et persevere
janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49
| par
Éric Dussert
Un livre
Bibere et persevere
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°49
, janvier 2004.