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Jeunesse Vue du ciel

mars 2004 | Le Matricule des Anges n°51 | par Malika Person

Mitsumasa Anno nous propose de décoller de la réalité. À feuilleter son nouvel album, à y regarder de près, on se sent vis-à-vis d’un monde où le temps est suspendu.

Sur les traces de Don Quichotte

Exit les mots, place à l’image ! L’Espagne que nous offre l’auteur-illustrateur japonais n’est pas une « galerie » d’antiquités ou d’œuvres contemporaines comme cela pourrait le paraître à première vue mais plutôt une partie d’une Terre réinventée. Dans ce cinquième « voyage » de Mitsumasa Anno à travers l’Europe, c’est l’observation et la manifestation de la vie qui l’intéressent. Dans l’extravagance des villes, dans les villages tranquilles et leurs habitants, leurs occupations quotidiennes, leurs joies, leurs peines examinées dans un double mouvement macro-microscopique, le lecteur s’invente un statut de voyeur-acteur, géant et nain dans ce livre dont il peut être le héros…
Dans chacune des doubles pages, le paysage ouvert en très grand angle n’est envisagé que dans ses rapports avec une humanité minuscule, à taille de fourmi… Une vie humaine un peu comme le royaume des fous, un regard sur la vie de l’humanité comme un monde renversé, à l’image de la représentation tête-bêche du village de Cadaqués (où vécut Salvador Dali).
Le regard plonge sur ce monde comme aplati, un monde empreint de toutes les réalités de la Terre et pourtant complètement imaginaire. Un point de vue entre sacré et trivial qui permet les contrastes dans les lignes classiques des paysages avec les mouvements presque instantanés des minuscules personnages dont le fourmillement, à une certaine distance, finit par prendre un rythme et s’ordonner malgré leurs dissonances. Les illustrations dans cet album sont des compositions de « fondus » où une scène semble se former à partir d’une autre en l’éclipsant et se substituant à elle dans l’attention du lecteur : des illustrations foisonnantes, au trait attentif, rapide et libre, rehaussées de couleurs pastel à l’aquarelle qui se succèdent et ne participent à aucune suite narrative, associées par le seul lien ténu d’un chevalier errant que l’on retrouve chemin faisant de page en page. Une errance que le lecteur est non seulement invité à suivre, mais dont il peut être le moteur. Car ici, l’image est assez ouverte pour qu’on puisse y entrer, y faire l’expérience du paysage, en devenir une des figures et s’y fondre dans la foule des figurants, en devenir une sorte de héros éloigné de soi-même, hors temps et hors espace, comme dans le rêve…
Ici, l’œil joue à focale variable, embrassant le paysage ou s’arrêtant sur un détail. Et l’on est parfois amusé de la manière dont Mitsumasa Anno met en scène ce détail, par son nom propre, d’abord, jouant sur sa signification latine en l’apposant sur la devanture d’une demeure pour marquer l’année de son édification ou encore par des clins d’œil aux artistes classiques ou contemporains, à la littérature ou à l’Histoire espagnole. Par exemple, dans la région de Tolède, Don Quichotte se bat toujours contre des moulins à vent ; à Madrid, alors qu’une femme vient de se faire voler son sac à main à l’arrachée en pleine rue, qu’une scène tragique d’un film est en train d’être tournée… Vélasquez peint Les Ménines. Dans Sur les traces de Don Quichotte, Mitsumasa Anno brouille les cartes de l’espace et du temps. Vues « d’en haut », les scènes de vie extérieures semblent paradoxales, incongrues ou encore surréalistes et fondent l’humour de cet album.

Sur les traces de
Don Quichotte

Mitsumasa Anno
L’École des loisirs
n.p., 12,50

Vue du ciel Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°51 , mars 2004.