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Histoire littéraire Halte chez Mauriac

mars 2004 | Le Matricule des Anges n°51 | par Pascal Paillardet

Jusqu’à sa disparition, en 1970, il séjourna régulièrement à Malagar, dans sa « pauvre maison déguisée en manoir ». La propriété est emplie de ce riche « silence fait des voix qui se sont tues ».

Une départementale relie Malagar au village de Langon, à quelques virages de là, et l’éloigne de Bordeaux, à une quarantaine de kilomètres. Propriété viticole « Le vrai vin de Malagar, selon Jean Mauriac, le fils cadet, c’était le blanc, le doux, le liquoreux, le moelleux, un genre de Sauternes, mais qui sentait quelquefois le souffre », royaume de vingt hectares de prairies et de vignes, Malagar est avant tout un panorama. De cette « très humble maison des champs », où jusqu’à sa mort en 1970 il séjourna à Pâques et pour les vendanges, François Mauriac harangua les landes gasconnes. « Tant pis ! j’oserai dire ce que je pense : paysage le plus beau du monde, à mes yeux, palpitant, fraternel, seul à connaître ce que je sais, seul à se souvenir des visages détruits dont je ne parle plus à personne, et dont le vent, au crépuscule, après un jour torride, est le souffle vivant, chaud, d’une créature de Dieu ». Dans ce domaine révélé par une allée de peupliers, le soleil seul voile l’éternité.
François Mauriac hérita en 1927 de ce refuge de « mauvaise garenne » (« Malagarre »), acquis sur la commune de Saint-Maixant par son arrière-grand-père en 1843. « Je n’y habite que trois mois de l’année, mais c’est le temps où je me ressemble le plus », avoua le prix Nobel de littérature (1952). L’auteur des Blocs-notes y enracina l’intrigue de trois de ses ouvrages : La Chair et le sang, Destins, Le Nœud de vipères. Ouverte au public depuis juillet 1997, enrichie d’un musée, la séductrice propriété de Malagar suggère au flâneur l’image d’un Mauriac méditatif, s’abîmant dans les « longs moments muets » de l’existence. On pénètre avec déférence dans la salle à manger aux murs ocre et boisés, dans le salon où « l’on n’a point cherché à faire le vide mais où, au contraire, les ventes, les héritages, les partages ont amené des quatre coins de ma famille les meubles les plus disparates ». On interroge avec timidité la table de travail en acajou. On s’attarde devant le coffret qui renferme le bonnet de baptême de l’homme à la « voix blessée ». Sur un secrétaire repose, enfin immobile, l’opaline secouée par le passage des trains dans Génitrix.
Trois marches plus bas, dans le bureau de l’écrivain, d’autres reliques, comme des alluvions lumineuses, célèbrent le souvenir des ancêtres éteints. Les portraits de Barrès, de Paul Valéry s’unissent aux familières figures des oncles et des petits-fils. Un vieux pick-up se tait. « La plus humble chose de ce cabinet a une histoire qu’elle me répète à chaque séjour et qui me concerne seul », confessait François Mauriac. Levez les yeux. Là-bas, derrière la façade ombrée de lierre, l’écrivain coiffé d’un panama a déjà refermé la grande armoire de son bureau sur le secret d’un manuscrit. Après avoir allumé l’une de ses cigarettes suisses, il s’en va, sous l’ombre des tilleuls dressés dans la cour, quérir du regard la trouée lumineuse de l’entre-deux mers et l’immense « armée noire » des Landes. Malagar, ce « grand cœur de pierre » battant, rythme ses pas.

Centre François Mauriac de Malagar, domaine de Malagar, 33490 Saint-Maixant rens. 05.57.98.17.17.
À visiter également : le Musée Mauriac, à Vémars (Val-d’Oise). Une salle a été aménagée au rez-de-chaussée du château de la Motte, devenu la mairie, qui appartenait à la famille de la femme de l’écrivain et fut racheté par l’écrivain en 1951 rens. 01.34.68.34.10.

Halte chez Mauriac Par Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°51 , mars 2004.
LMDA PDF n°51
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