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Théâtre Le crime de la guerre

juin 2004 | Le Matricule des Anges n°54 | par Laurence Cazaux

C’est par une chanson, une lettre d’un soldat à son père, que s’ouvrent les pièces politiques de Hanokh Levin : « Cher Papa/ Quand tu seras debout au-dessus de ma tombe/(…) Papa, demande-moi pardon ».

Théâtre choisi 3 (Pièces politiques)

Hanokh Levin est né à Tel-Aviv en 1943, il est mort prématurément d’un cancer en août 1999 à l’âge de 55 ans. Selon Nurit Yaari, professeur au département d’études théâtrales de l’université de Tel-Aviv : « L’œuvre dramatique de Hanokh Levin est indissociable d’une critique acerbe de la réalité politique, sociale et culturelle de l’État d’Israël. Avec une perspicacité peu commune, Levin n’a cessé de mettre en garde ses concitoyens contre les conséquences délétères d’une occupation prolongée des territoires conquis. »
Ses pièces, extrêmement virulentes, dénoncent la guerre et l’engrenage de la violence qui en découle. Comme nous l’apprend Nurit Yaari, la première œuvre de ce volume, Shitz, est montée en 1975 en réaction à la guerre de 1973, la deuxième, Les Femmes de Troie est écrite en 1984 après l’intervention militaire israélienne au Liban et Meurtres est créée en 1997 à la suite de la première Intifada et de l’assassinat du premier ministre Itzhak Rabin. Ce qu’il y a d’assez remarquable dans le parcours de Levin, c’est qu’il a réussi à toucher ses compatriotes à l’endroit le plus dérangeant. Une de ses premières pièces satiriques, Reine de la salle de Bain écrite en 1970 (dont seuls des extraits sont publiés dans ce troisième tome) a été censurée au bout de dix-neuf représentations sous la pression du public. Mais vingt-sept ans plus tard, Meurtres connaît un grand succès avec plus de deux cents représentations.
Levin déstabilise par sa férocité, jusque dans son humour. L’écrivain ne laisse aucun répit au lecteur-spectateur. Avec un art de la satire implacable, il brosse des portraits ou décrit des situations à faire se dresser les cheveux sur la tête.
Shitz, une pièce musicale, retrace le parcours d’un arriviste, Tcharkès, qui épouse la fille d’un entrepreneur. Pour donner une mesure de la pièce, voici un extrait de la première rencontre entre Tcharkès et sa future femme, Shpratzi. Elle fredonne une chanson pour l’amour des frites « Si je pouvais/ J’épouserais un cornet d’frites… » et lui s’interroge : « Que faire, je ne suis pas très pointilleux. Non, pas très. Mes aspirations sont modestes et mes désirs aussi. Shpratzi, deux camions, la moitié de l’entreprise Shufeldozer. Pourquoi pas ? À petits désirs, petites déceptions. Et petite nausée. Voilà, j’ai effectivement une petite nausée, mais est-ce que je vomis ? Non. Si je vomis maintenant, que me restera-t’il pour plus tard ? » Le mariage est déjà une bataille entre le futur gendre et le père de la mariée, une transaction purement financière. Quand éclate la guerre, l’entreprise va terriblement prospérer. Jusqu’au jour où, envoyé au front, Tcharkès meurt à son tour.
Les Femmes de Troie est une œuvre d’un tout autre registre. La pièce est inspirée d’Euripide, elle en garde la puissance tragique. D’un côté se trouvent les vaincues, les femmes et leurs enfants, la Reine Hécube, Andromaque, Cassandre et Astyanax. De l’autre, les vainqueurs, les hommes, dont les rois Agamemnon, Ulysse ou Ménélas. Au centre, Hélène, figure féminine trouble, la cause de cette guerre, sera la seule à être graciée, en dépit de toute morale.
Meurtre se déroule en trois périodes. Premier acte, un adolescent est assassiné par trois soldats, presque sous les yeux de son père. La paix éclate, mais pour le père, la guerre ne fait que commencer. Acte deux, trois ans plus tard, lors d’une nuit de noces, le père se venge en tuant les jeunes mariés, mais le doute plane sur le fait que le marié soit bien l’un des meurtriers du premier acte. Acte trois, cinq ans plus tard, la violence se déchaîne encore, comme en écho du premier assassinat. Meurtre constitue ce que Levin appelait un « spectacle de sang », pour nous écœurer, jusqu’à la vomir, de la violence du monde.

ThéÂtre choisi III
PiÈces politiques

Hanokh Levin
Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz
et Jacqueline Carnaud
Éditions Théâtrales/ Maison Antoine Vitez
222 pages, 19,50

Le crime de la guerre Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°54 , juin 2004.
LMDA PDF n°54
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