Donc la rentrée sur Culture s’annonce très mal notamment pour les « petits modules quotidiens » que constituent des émissions comme Poésie sur Parole ou les Décraqués1 : on est toujours sous Raffarin et l’air manque. Un dimanche lourd d’ennui, de ces jours poisseux d’été où l’on est bonne à rien mais ne s’offre pas le luxe de traîner au lit parce que notre Jiminy Criquet, comme une puce à l’oreille, nous a soufflé que l’on avait trop de choses à faire et mieux valait éviter de procrastiner, bref, au bout d’une matinée entière collée sur ma chaise et par une traduction impossible et par la touffeur de l’atmosphère j’allume la radio et, pour changer, je mets RTL. Et j’arrive en plein journal de 13h pour entendre qu’« Il Lupo », le Loup, « l’ennemi public numéro 1 en Italie » a pris une Française en otage à Rome, une « dame de 37 ans ». Oh que ça commence mal. Bien sûr la spiqueuze n’y est pour rien si on a pile dans trois semaines ce grand Tage surtout en Italie de Dame : la vie n’est-elle pas un long fleuve tranquille. Une petite plage de pubiscité les éditions du Panthéon et l’essence qu’elle est moins chère chez Leclerc (nous sommes le 1er août, au lendemain d’un « samedi noir » de 650 kms de bouchons) et on repasse aux choses sérieuses. J’avais lu dans le Télérama : « Organisez-vous pour ne pas rater ce revigorant rendez-vous estival. Il ne dure que quinze minutes. » Le rendez-vous en question, c’est celui qu’a proposé Bernard Lehut à Anna Gavalda pour son émission Écrivains à domicile.2 L’ex-prof de lettres3 interviewée chez elle se déclare « chantre de la middle-class » et « insoupçonnable » (d’être écrivain), elle concilie vie de famille et création « en ne se prenant pas pour une artiste », habite à Melun avec ses deux enfants mais plus tard, affirme-t-elle, elle ira « vieillir dans l’herbe ». Évoquant son vieil ordinateur, elle se révèle particulièrement sentimentale : « Il lui manque une touche, il tousse (…) mais j’attendrai qu’il meure de sa belle mort… » Je ne sors pas gavaldanisée de ce quart d’heu

1 Voir l’article de Martine Lecœur dans le Télérama n°2844 du 14 juillet dernier. Il n’est pas trop tard pour s’indigner auprès de la directrice : Laure Adler Radio France 116, avenue du Président Kennedy 75220 Paris cedex 16
2 Diffusée les dimanches d’été de 13h15 à 13h30
3 Dixit Télérama n°2846 du 28 juillet 2004
4 Programmation d’été, consacrée aux interprètes