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Histoire littéraire Mirabeau chez Éros

mai 2005 | Le Matricule des Anges n°63 | par Thierry Guinhut

Ma conversion ou le libertin de qualité

Brillant orateur révolutionnaire, Mirabeau (1749-1791) avait des dons littéraires. Lors de son emprisonnement à Vincennes, il commit de galantes traductions du poète latin Tibulle. Et des romans érotiques sous le manteau qui animèrent ses fantasmes, firent les délices des libertins et nous ravissent par leur écriture sensuelle et enlevée. Il ne faudrait pas déduire de cette « lecture amoureuse » pour reprendre le titre de la collection dirigée par Jean-Jacques Pauvert qu’il ne s’agit que d’exercice de style et d’échauffement sanguin, mérite d’ailleurs estimable. On ne s’étonnera pas que cette « conversion » soit moins dédiée au christianisme qu’à la liberté de l’éros. Plus et mieux que l’honnête homme du XVIIe siècle, voici l’aristocratique « libertin de qualité » : « La pudeur est grimace, la décence hypocrisie, mais la mode, les grâces embellissent tout »… Dédié à « Monsieur Satan » par « Con-Desiros », ce récit frappe par sa vivacité, par un narrateur sans vergogne qui apprend aux « femmes sur le retour » à « jouer du cul à tant par mois ». Non sans ironie anticléricale, c’est un leste tableau de mœurs, un clin d’œil aux Liaisons dangereuses, une pique à Rousseau, des copulations forcenées et pittoresques (ne ratons ni « l’Américaine » ni la « douairière », ni la grosse « Cul-Gratulos »), un amour peut-être sincère, un « art de foutre » plus rapide que Casanova. Les Lumières écartent « le fanatisme et la superstition » ; mais le drame guette, le romantisme s’annonce… Si ce texte reste disponible chez Fayard dans un énorme volume de L’Enfer de la Bibliothèque nationale, ne boudons pas notre plaisir devant ce petit format.

Thierry Guinhut

Ma Conversion ou le Libertin de qualité
Mirabeau
La Musardine, 192 pages, 8,30

Mirabeau chez Éros Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°63 , mai 2005.
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