Mouvement N°39
En kiosque depuis 1998, la revue Mouvement s’est installée dans l’indisciplinarité pour s’intéresser aussi bien au théâtre qu’aux arts visuels, à la danse qu’à la littérature, aux arts plastiques, à la vidéo. Il ne s’agit bien sûr pas d’une posture (s’installer dans la diversité) mais d’une lecture partiale de la production artistique de l’époque, les artistes eux-mêmes s’inscrivant volontiers dans une logique d’interdisciplinarité. S’inscrire dans l’immense champ des arts vivants, cela autorise aussi à s’immiscer dans la politique culturelle ; certaines prises de position ont d’ailleurs fait grand bruit, notamment contre François Pineau et Silvio Berlusconi.
Sous sa conception graphique très tendance, ce numéro de printemps (Mouvement est un trimestriel) s’organise autour d’un dossier central consacré à l’Irak et plus précisément à ce qui se trame derrière ces images en dehors desquelles on ne sait plus trop penser. S’y croisent des signatures d’horizons divers : écrivains, photographe, historien, et une jeune franco-irakienne membre du comité exécutif du tribunal de Bruxelles (on y trouve en outre une chronologie ainsi qu’un appel à pétition pour sauver les universitaires irakiens). Mais là encore le sommaire s’avère des plus singuliers : ce dossier central n’occupe guère qu’un sixième de l’ensemble. On ne saurait donc réduire cette 39e livraison à la seule évocation de l’Irak : outre des chroniques musicales et littéraires, le lecteur y lira quelques entretiens (préférés semble-t-il aux articles). Celui qu’ont réalisé Jean-Louis Perrier et Bruno Tackels présente le dramaturge et metteur en scène Olivier Py, quelques semaines avant l’ouverture de sa « Grande parade » qui se tiendra au Théâtre du Rond-Point à Paris du 25 avril au 3 juin. Si l’écrivain y expose sa conception de l’écriture théâtrale, il s’y interroge aussi sur la place que le théâtre peut occuper dans une société où l’on remplace peu à peu les artistes par des « opérateurs culturels ».
Pour le reste, le lecteur a le choix entre un entretien de John Cage réalisé en 1984, des propos de Patrick Bouvet sur son dernier film Big Bright Baby, une présentation de la dramaturge Noëlle Renaude, et l’évocation stupéfiante d’un habitant des bidonvilles de Buenos Aires, reconverti en directeur de casting…
Mouvement vaut donc pour sa diversité, capable de satisfaire des curiosités très différentes, sans donner ni dans la confusion ni dans le survol. On pourra seulement lui reprocher d’être une revue réservée aux initiés.
Mouvement N°39, 160 pages, 9 €