Tra-jectoires N°3 (Annie Ernaux)
Trajectoires entame sa troisième année d’existence. Et son tout jeune directeur (24 ans au compteur) Amaury Nauroy, dont l’énergie ne faiblit pas, entend bien continuer ses incursions dans la littérature contemporaine. Après Philippe Jacottet en 2003, Jean-Pierre Lemaire et Jean Supervielle en 2004, cette livraison-ci réunit cette fois Annie Ernaux et Albert Memmi. Si ces deux-là partagent le même sommaire, ils ne participent cependant pas du même univers. Encore que la chose, à bien regarder les contributions, n’est pas si sûre. Certes ils n’appartiennent pas à la même génération (Ernaux est née en 1940, Memmi est son aîné de vingt ans) ; certes ils n’ont ni le même style ni la même inspiration, et pourtant quelque chose les rapproche. Où donc alors se situerait leur terrain d’entente ? En cela que chez eux l’écriture vise principalement, quoique diversement on l’a dit, à interroger la notion d’identité. Et si chaque personnalité s’affirme et s’exprime à travers le mode d’expression qui lui est propre, l’identité est cette réalité problématique qui, n’allant pas de soi demande à tous moments à être mise en mots. C’est-à-dire mise à nu, en scène et en ordre. Ce sera chez Ernaux une remise en cause à caractère sociologique ; ce sera plutôt, chez Memmi, un questionnement d’ordre plus historique. Mais ici comme là, autre point commun encore, la biographie sera matière première à réflexion. Parce que consciencieuse et pertinente, cette excellente revue constitue un peu plus à chaque numéro un rendez-vous annuel à ne surtout pas manquer.
Trajectoires N°3, 240 pages, 16 € (4, rue des Crosnières 78200 Mantes-la-Jolie) trajectoires.acl@free.fr