Inculte N°12

Les livraisons d’Inculte, revue bimestrielle, se suivent mais ne se ressemblent pas. Par leur contenu tout d’abord. Avec son dossier central consacré à l’écrivain portugais António Lobo Antunes, le numéro précédent faisait la part belle à la littérature contemporaine. C’est à la pensée que cette nouvelle livraison a choisi d’ouvrir son sommaire, avec un dossier fait de variations autour du mot « ordre », particulièrement d’actualité en ces temps préélectoraux.
Deuxième différence : la qualité des numéros. Autant le précédent avait de quoi séduire (outre Lobo Antunes, on y retrouvait Chestov, Fondane et Camus), autant celui-ci manque de consistance (seul un beau texte de Roland Barthes, relatif au séminaire tenu en 1974-1975 sur « le discours amoureux », parvient à sauver l’ensemble).
Le dossier paraissait pourtant prometteur : le portrait que Joy Sorman dresse du libéral libertaire (type Serge July ou Cohn-Bendit) présente un personnage englué dans son aporie existentielle, attaché à l’ordre en tant que libéral, et désireux d’instiller un rien de désordre dans une pensée politique figée ; mais le reste est bricolé à la diable, et le propos rapidement se fourvoie avant de s’enliser dans les longues variations de Bernard Wallet, réalisées autour des (trop) nombreuses acceptions du mot « ordre ».
Quant aux textes de facture littéraire, qu’il s’agisse d’« Australie, journal de voyage » de Douglas Coupland (son voyage en vaut d’autres) ou de l’extrait d’un travail en cours de Claro, chacun corrobore à sa manière la thèse développée par Johann Faerber sur laquelle se referme cette douzième livraison : la mort de la littérature…
De quoi faire regretter le précédent numéro.
Inculte N°12, 128 pages, 7 € (10, rue Oberkampf 75 011 Paris) - www.inculte.fr