Printemps, été, automne, hiver, retour au présent, une vie défile, celle de Joe. Il se souvient de son enfance, du temps où il venait d’avoir une petite sœur, Florence, qu’il surnommait gros bébé fé-fesses face de pruneau. Furieux de se sentir délaissé par ses parents, il décide d’enterrer la poupée de sa sœur dans le jardin. Sous les yeux de son oncle Harry. Ce dernier à l’époque est vieux, très vieux, il est l’hiver quand Joe est seulement le printemps. Et il a un problème. Il a du mal à se souvenir des choses. Il ne sait plus très bien comment les nommer. Par contre, jardiner, ça, il s’en souvient parfaitement bien, et il va transmettre cette passion à Joe.
Le Jardinier est un texte très simple et touchant. Il s’agit pour Joe et Harry de prendre le temps de regarder pousser les haricots, de noyer les limaces dans de la bière, mais plus les saisons passent, plus les mots échappent à Harry. La pièce est un condensé de souvenirs. Elle retrace des moments forts, mais à distance et donc tout en délicatesse et pudeur. La langue utilisée pour dire cela est presque dépouillée, avec ces accidents de mots s’échappant de plus en plus. Le cycle de la vie est évoqué, presqu’à la façon des haïkus. Naissance et mort forment un même cycle, des souvenirs, de petits gestes restent, comme celui d’agripper le doigt de quelqu’un. « Les vieilles gens abritent une jeune personne au plus profond d’eux-mêmes. »
Difficile de savoir c’est quoi les machins choses qu’on n’aura pas oubliés à la fin de notre vie. Quels sont les souvenirs qui resteront ? Qu’est ce qu’on aura transmis ? Le Jardinier plante des petits graines de questions en attendant tranquillement de les voir fleurir.
Le Jardinier de Mike Kenny, illustrations de Rémi Saillard, traduit de l’anglais par Séverine Magois, Heyoka jeunesse/Actes Sud-Papiers,
56 pages, 8 €
Théâtre Les machins choses de la vie
avril 2007 | Le Matricule des Anges n°82
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Les machins choses de la vie
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°82
, avril 2007.