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Domaine étranger Jeux de perspectives

mai 2007 | Le Matricule des Anges n°83 | par Lucie Clair

Johannesburg aujourd’hui et ses mutations dansent devant l’œil d’un analyste au verbe acéré. Nouvel opus, proche du polar, du Sud-Africain Ivan Vladislavic.

La Vue éclatée

La Vue éclatée est ce système de représentation bien connu des dessinateurs et architectes consistant à dissocier les différents éléments d’un ensemble pour faire apparaître leur fonctionnalité, les articulations, les plans et leurs emboîtements, voire ses parties cachées c’est le cas par exemple lorsque l’on représente un bâtiment sans son toit de sorte à voir les aménagements intérieurs. Ivan Vladislavic, féru d’architecture et d’urbanisme a construit son dernier roman à partir de cette approche, assemblant sur des perspectives différentes les pièces d’un puzzle explosé et exposées à nos regards offrant ce qu’un œil globalisant n’aurait pu identifier ou, pire n’aurait fait qu’écraser. Puzzle humain que ce quartier de Johannesburg où se croisent les personnages de quatre chapitres parallèles, puzzle politique et social d’un pays héritier de trente années d’apartheid et de conditionnement des esprits soudain sommées de disparaître, et conduisant à ce que noirs et blancs ne soient pas toujours identifiés clairement dans le roman puzzle émotionnel et sentimental que les destins qui se chevauchent avec réticence, ne laissant la place qu’au rêve où l’on pourrait marcher « le long d’avenue bordées de gratte-ciel. Les immeubles étaient comme des barres dans un graphique gigantesque, mais c’étaient également des flacons de parfum, des tours de verre remplies de liquides couleur de miel et de cognac. »
Ivan Vladislavic, né à Prétoria en 1957 fait partie de la nouvelle génération d’écrivains sud-africains, se situant à la croisée des rencontres artistiques ce roman fut aussi écrit en écho au travail de l’artiste Joachim Schonfeldt et certains passages utilisés pour une exposition commune. C’est dans cette approche où « l’œil écrit » pour reprendre le titre d’une exposition du poète et sculpteur espagnol Bartolomé Ferrando que Vladislavic arpente les chemins d’une ville en mutation, quadrillée par les espaces hybrides où demeurent vivaces les aspirations à l’aboutissement de cette mutation promise, ainsi dans les « townships vous n’étiez d’ailleurs plus censé les appeler ainsi dans les ex-townships, donc, les quartiers noirs, (où) quand les gens voyaient un homme avec un porte-bloc ou un schéma technique, ils supposaient d’emblée qu’il était là pour recueillir leurs réclamations. » Car la métaphore de l’architecture se prolonge jusque dans les personnages, dont celui de l’urbaniste et des différents corps de métier, prétexte à moments savoureux telle la visite de la maison de la trop grosse et indigente Mme Ntlaka pour qui « l’ouverture des portes est trop étroite », et à observation fine des détails d’un pays en voie de (re)construction permanente quand ce n’est pas d’une époque dont les orientations consuméristes imprègnent jusqu’à ses créations : « L’excès. Il ressassa le concept. N’était-ce pas l’une des clés qui permettent de comprendre le style contemporain ? Quand tu n’as qu’un exemplaire de quoi que ce soit, ce n’est qu’un objet ; quand tu en as trois, c’est un design ; quand tu en as trois cents, tu es devant une œuvre d’art. A une échelle suffisamment vaste, avec suffisamment de répétition, tout devenait conceptuel, qu’il s’agisse d’art ou d’assassinat. » Et c’est bien justement là que les perspectives s’arrêtent et meurent, ouvrant l’espace au gouffre, au néant.
Sous des dehors de promenade, un opus acidulé, tranchant, et sans concession dont on ressort ébranlé. Les pessimistes qui ont la foi sont toujours perturbants pour notre plus grande santé.

La Vue éclatée
Ivan Vladislavic
Traduit de l’anglais
par Christian Surber
Éditions Zoé
165 pages, 17

Jeux de perspectives Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°83 , mai 2007.
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