Ou le monde me tue ou je tue le monde. " Cette phrase extraite du film Accatone de Pier Paolo Pasolini a servi de déclencheur commun à l’écriture de drames brefs par six jeunes écrivains issus de la première promotion du département d’écriture dramatique de l’ENSATT (École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre). Une proposition passionnante, permettant la confrontation entre l’intime
et le monde.
Le cheminement des six auteurs avec cette phrase donne des résultats radicalement différents. Certains, comme Olivier Mouginot, semblent un peu oublier le monde, en imaginant une fantaisie dialoguée entre le pianiste Glenn Gould, les cendres de son père et un auto-stoppeur. D’autres, comme Cédric Bonfils ou Sabine Tamisier, plongent dans l’intime, un intime meurtrier, condition de survie. Deux écritures fortes, tendues, où le réel bascule dans l’insaisissable des méandres humains.
Thibault Fayner imagine pour sa part une dictature où les cravates, symboles d’un ancien pouvoir, sont interdites et donc vectrices de tous les fantasmes. Et puis, il y a ceux qui essaient de se frotter au monde dans ce qu’il a de plus rude. Ainsi, Marie Dillaser qui écrit, « depuis un fauteuil en Bretagne » une farce grave sur la guerre en Tchétchénie. De façon très surprenante, ses personnages, comme le chat de Shrödinger, (une expérience de physique quantique) sont tout autant morts que vivants. Et Samuel Gallet qui imagine une fausse-vraie prise d’otage mettant en jeu quatre jeunes…
Enfin, outre l’intérêt de la proposition, ce recueil offre le grand plaisir de découvrir six nouvelles écritures, très prometteuses.
Le Monde me tue de Cédric Bonfils, Marie Dilasser, Thibault Fayner, Samuel Gallet, Olivier Mouginot, Sabine Tamisier, Éditions Espaces 34, 184 pages, 16 €
Théâtre Encombrant monde
juillet 2007 | Le Matricule des Anges n°85
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Encombrant monde
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°85
, juillet 2007.