Un livre

Plus jamais d’invités

de Vita Sackville-West

Editions Autrement

Easter Party « , le titre original, contient à lui seul l’objet du récit. Pour les fêtes de Pâques Rose convie ses proches à Anstey, la propriété de son mari Walter Mortibois ténor du barreau londonien. Un week-end lourd d’événements qui vont bouleverser la vie du couple. Il était temps pour la quadragénaire » pur produit d’un presbytère de campagne « conduite par un penchant neurasthénique certain à signer en guise de mariage » un engagement qui interdisait tout recours à l’émotion « . Vingt-trois années » de glaciation « plus tard, son existence se résume à camoufler le honteux secret de sa virginité. Gentry oblige, elle se félicite néanmoins que les mâles de son entourage la traitent en gentleman ; et même Svend, berger allemand auquel son mari réserve la prééminence de son humanité avant d’en répartir le surplus entre sa demeure Tudor et ses clients. Autant dire qu’il reste peu à ronger sur l’os de Rose en dehors de domestiques à diriger et d’invités à traiter. C’est justement du stratagème concocté par l’un d’eux - son beau-frère - que va venir le salut. L’occasion va être donnée à Walter de se frotter à la souffrance et aux Mortibois d’affronter la réalité. » Plus jamais d’invités ! " Le self-control à l’anglaise exécuté avec un cynisme tel qu’on finit par se demander s’il y a vraiment lieu d’en rire. Mais Vita Sackville-West (1892-1962) connaissait son sujet. Après une enfance victorienne, elle tenta d’échapper aux modèles imposés par sa classe pour concilier vie familiale et amours homosexuelles. Plusieurs de ses amantes s’adonnèrent également à la littérature : Violet Trefusis et Virginia Woolf qui vit en elle son Orlando et publia ses romans à la Hogarth Press. Brunes, long visage anguleux au regard noir, silhouette filiforme, les deux femmes se ressemblaient autant que Rose Mortibois à Mrs Dalloway.

Plus jamais d’invités ! de Vita Sackville-West
Traduit de l’anglais par Michel Venaille
Autrement, 164 pages, 17 €